"La vraie révolution, ce n'est pas Internet, mais la TNT." La phrase lâchée par Franck Louvrier, conseiller en communication de l'Elysée, rapportée dans Les Echos, peut surprendre à l'aune du tout-Internet.
Pourtant, l'arrivée de la TNT a bel et bien rencontré un très large succès auprès de tous les Français, et deux chaînes en ont profité pour bouleverser le traitement de l'information. A tel point qu'aujourd'hui iTélé et BFM TV retiennent l'attention des politiques et de leurs communicants.
"Un direct permanent"
Bastien Millot, communicant politique proche de Jean-François Copé, souligne ce que change l'essor de ces chaînes: "L'espace réservé à la politique y est plus important que sur les chaînes traditionnelles (...) C'est donc une caisse de résonance beaucoup plus forte qu'avant."
Le format choisi par ces chaînes influe également sur le rythme de l'information. "Elles ont accéléré et formaté la parole politique, on ne retient le plus souvent que les petites phrases qui vont défiler dans les bandeaux", ajoute-t-il.
Un communicant de l'UMP résume: "Les politiques sont désormais dans un direct permanent, un direct en images, bien plus parlants qu'un article de presse écrite ou un reportage radio."
Un nouveau statut
L'attitude des personnalités politiques vis-à-vis de ces médias a par conséquent changé. "Les sollicitations de notre part sont beaucoup mieux accueillies (...) La réactivité de notre grille permet la reprise de courtes déclarations, qui sont désormais distillées directement à nos reporters sur le terrain", explique Muriel Pleynet, chef du service politique d'iTélé.
Les deux chaînes se sont faites un nom dans le paysage médiatique et politique national. Il n'est plus rare de voir un homme politique intervenir sur l'une d'entre elles (voire les deux) au sortir d'un point presse pourtant filmé par ces mêmes chaînes. Rue de Solférino, on confie que "les appels sont quasi quotidiens".
Le 20h de TF1 ou de France 2, autrefois unique fenêtre de tir pour un politique n'aurait plus aujourd'hui la primeur d'une déclaration. Bastien Millot acquiesce: "Désormais, BFM TV et iTélé ne sont plus un supplétif aux chaînes historiques, elles ont la capacité de drainer les invités qu'il faut pour commenter l'actualité".
Il arrive même d'ailleurs que ce soit le politique qui sollicite ces médias, comme le raconte le directeur de la rédaction de BFM TV, Hervé Béroud: "Quand Nicolas Sarkozy a demandé à François Baroin de quitter son lieu de vacances pour s'exprimer à la suite de la dégradation de la note américaine, le média télé qu'il a contacté en premier est BFM TV. Et moins d'une heure plus tard il intervenait en plateau chez nous. Il fut un temps où il se serait tourné seulement vers le 20h de France 2. Mais il est plus simple et plus efficace pour lui d'aller directement s'exprimer sur des médias qui diffusent l'information en direct".
La mort du 20h ?
"Ces médias donnent un coup de vieux au 20h classique des grandes chaînes, mais on a prédit un peu vite leur déclin", prévient Francis Balle. Au PS comme à l'UMP, on confirme qu'un passage au 20h, "ça ne se refuse pas".
L'universitaire se dit persuadé que "ceux qui s'occupent de communication politique auront l'exemple d'Obama en 2008 en mémoire pour 2012, c'est certain". Ce dernier avait décliné sa campagne sur plusieurs fronts: un lancement sur MTV, une phase d'information sur lui auprès des chaines spécialisées, la mobilisation et la collecte de fonds sur Internet, et enfin la popularisation de son programme sur les grandes chaînes.
Les politiques apprivoisent peu à peu ces médias qui leur accordent une place considérable. Bastien Millot précise: "Aujourd'hui dans le plan média d'un politique, elles jouent un rôle majeur. Avant elles avaient un rôle plus secondaire, loin derrière les 2/3 minutes statutaires au 20h de TF1 ou France 2". "Très concrètement, si l'on veut toucher les rendez vous radios de 18h, la presse écrite papier et les 20h des grandes chaînes, il faut lâcher l'information impérativement sur ces chaînes avant 17h", renchérit un conseiller en communication du parti présidentiel.
on comprend aussi la désaffection des gens pour la grand messe du 20 h, ça a vécu
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