Un bonnet d'âne en forme de diplôme que Franck Leroy ne veut pas sur ses murs.
Une association nationale lui a décerné ce prix pour illustrer le manque de volonté en matière de débat démocratique.
LE maire d'Épernay est décidément un homme sérieux. A ce titre, il a donc très sérieusement refusé de recevoir le bonnet d'âne que l'Association nationale des élus locaux de l'opposition lui a décerné au mois de juin, dans une salle du Sénat, à Paris.
Chargée, au nom de cette association, de remettre à Franck Leroy son diplôme à l'issue du conseil municipal lundi soir, l'élue d'opposition Christelle Jabbour a dû se rendre à l'évidence : son « présent » serait bel et bien refusé au motif que cette association n'aurait, selon lui, « aucune crédibilité ». Le maire d'Épernay n'a pas souhaité commenter davantage ce petit mouvement d'humeur, expliquant simplement - via son service communication - qu'il était inutile de remuer cette histoire et que l'élue pouvait garder ce prix…
Une réaction que Clotilde Ripoull, présidente de l'AELO juge « particulièrement édifiante ». En route pour remettre un prix similaire au maire de Palavas-les-Flots, cette élue de Perpignan fait remarquer qu'il s'agit là de l'attitude la plus notable. Sur les dix maires à qui l'association a décerné un bonnet d'âne - d'autres ont reçu à l'inverse un bonnet de Marianne pour leurs efforts en matière de débat démocratique - « certains ont reçu le prix en prenant acte, d'autres n'en avaient rien à faire. Le maire d'Épernay lui, non seulement se fiche des raisons pour lesquelles il a été retenu, mais en plus il en rajoute ! ».
La pilule passe mal
Rappelons que l'ensemble des maires retenus pour recevoir un bonnet d'âne ont tous fait l'objet d'une condamnation par le tribunal administratif, pour avoir, d'une manière ou d'une autre nié les droits de leur opposition.
En ce qui concerne Épernay, la justice avait annulé une délibération municipale visant à limiter le nombre de questions orales en conseil à une seule par groupe constitué, et sans débat. Une règle « de nature à porter une atteinte excessive au droit d'expression des élus » a estimé le tribunal au mois de novembre 2010. Un rappel à l'ordre doublé d'une récompense peu flatteuse, la pilule a décidément du mal à passer. « Le plus dommage est de constater qu'il n'y a aucune réaction visant à changer d'attitude, déplore la présidente de l'AELO. A l'origine, il s'agit pourtant bien d'une décision de justice. Cela montre les difficultés qui existent avec certains politiques. »
Quant au manque de sérieux que Franck Leroy attribue à l'AELO, Clotilde Ripoull juge l'argument un peu court. Elle sera d'ailleurs reçue demain au ministère de l'Intérieur par Jean-Pierre Giran, dans le cadre d'une mission parlementaire sur l'amélioration du fonctionnement de la démocratie locale dont il a la charge. A l'inverse de Franck Leroy, ce député du Var n'a jamais reçu de bonnet d'âne. Il est en revanche deux fois titulaire d'une Marianne d'or pour son action publique.
La ville d’Épernay n'a pas de chance avec un maire anti-démocratique.
