Comme d’habitude et même si Paris n’est plus le pôle d’intérêt unique de l’Afrique francophone, l’élection présidentielle française sera suivie avec attention, parfois avec passion, au sud de la Méditerranée. Certes, nul n’en attend un séisme comparable à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981, ni même une répétition de 2007, quand la victoire de Nicolas Sarkozy avait suscité un vif sentiment de curiosité. Vue d’Afrique, la compétition oppose un adversaire socialiste encore peu connu et dont les positions ne sont qu’ébauchées à un président sortant qui, après avoir prôné la rupture en matière de politique africaine puis prononcé l’inacceptable discours de Dakar, a fini par adopter une ligne conservatrice dans le droit fil de son prédécesseur, ponctuée de quelques coups d’éclat à forte teneur médiatique (Côte d’Ivoire, Libye).
Dans son interview à Jeune Afrique, fin juillet, unique référence pour l’instant en ce domaine, François Hollande a signifié que l’un de ses premiers actes, s’il est élu, sera de poser « des principes établis entre le nouveau président de la République française et les chefs d’État africains », afin de « clarifier nos rapports ». Fidèle à son image de rassembleur responsable, le candidat du PS évite d’effaroucher quiconque, d’autant que l’Afrique est loin d’être un enjeu de l’élection : « Nous ne chercherons pas, précise-t-il, à déstabiliser des pays et leurs dirigeants. » Nul doute qu’avec Martine Aubry, dont le tropisme africain est nettement plus marqué et qui compte parmi ses proches l’ancien ambassadeur à Dakar, Jean-Christophe Rufin, grand pourfendeur des réseaux, le ton aurait été plus cinglant.
Il n’empêche. Au sud du Sahara, où l’on préfère toujours le diable que l’on connaît à celui qui sort de la boîte, les avis des chefs d’État sont d’ores et déjà tranchés. À l’exception de ceux dont les affinités socialistes sont avérées, comme Mahamadou Issoufou (Niger) et Alpha Condé (Guinée), voire des dirigeants maliens engagés dans un pénible bras de fer avec Claude Guéant sur l’accord de gestion des flux migratoires, tous ou presque « votent » légitimiste, c’est-à-dire Sarkozy.
On a pas fini de voir des mallettes circuler.
Qui tuera la Françafrique ?
- Patrick_NL
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Qui tuera la Françafrique ?
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