34 associations tenaient ce mardi une convention à l'assemblée nationale pour réclamer la pénalisation des clients de prostituées. Une idée inspirée du modèle suédois.
"Payer un rapport sexuel, c'est l'imposer." Tel pourrait être le slogan de la Convention Abolition qui se tenait ce mardi à l'Assemblée nationale. Lancée par trois associations de défense des femmes et d'aide aux prostituées, elle réclame notamment la pénalisation des clients. "La prostitution doit être reconnue comme un système de violences, explique Claire Quiret, la porte-parole du mouvement. Obliger les femmes à avoir des rapports sexuels en échange d'argent ne relève en rien de la liberté, c'est la perpétuation de l'idée selon laquelle la sexualité masculine est irrépressible et doit être satisfaite à n'importe quelle heure et à n'importe quel prix."
Cette idée est calquée sur le système suédois. Depuis 1999, acheter un "service sexuel" est interdit et les contrevenants à la loi risquent des amendes et des peines allant jusqu'à six mois de prison. Selon un rapport du ministère de la Justice suédois publié en 2010, cette mesure aurait permis de faire baisser de moitié la prostitution de rue, grâce à l'aspect dissuasif de la mesure. Comme en Suède, les membres de la convention inscrivent cette démarche dans le cadre de la lutte contre les discriminations. "La prostitution est la dernier maillon de la violence faite aux femmes. L'interdire est donc une étape vers plus d'égalité au sein de la société", assure Claire Quiret.
"Cette convention confond la prostitution choisie et subie"
A quelques mètres de l'Assemblée, le Strass - le syndicat des travailleuses du sexe - et quelques prostituées manifestent contre cette convention, faute d'y avoir été invités. Selon eux, la convention nie la liberté de certaines femmes, sous couvert d'égalité. "Cette convention confond la prostitution choisie et subie, s'insurge Josiane. Moi, ça fait quarante ans que je fais ce métier et je ne me considère pas du tout victime de violence. Au lieu d'essayer de chasser les clients, les flics doivent se concentrer sur les réseaux qui emploient des filles contre leur volonté. C'est elles qui se sentent victimes de la violence dont parle la convention, pas celles qui ont choisi ce boulot." "Il faut penser au plus grand nombre, retorque Claire Quiret. Si pour une minorité, la prostitution est un choix, la majorité des travailleuses du sexe la vit comme une pratique destructrice et d'une violence extrême. C'est comme le don d'organe: certaines personnes vont donner un rein en toute conscience, mais on sait que si on autorise cette pratique, les dérapages seront fréquents", assure la porte-parole de la Convention Abolition.
Les manifestants craignent également que cette mesure, sous couvert d'aider les prostituées, rendent leur situation encore plus pénible. "Pénaliser les clients ne mettra pas fin à la prostitution mais contribuera à isoler un peu plus les filles, s'indigne Cloé Navarro, porte-parole du Strass. Elles seront obligées de mieux se cacher et seront donc moins bien protégées. C'est ce qu'il se passe dans le pays dans lesquels c'est déjà interdit: la prostitution est la même qu'ailleurs, mais ceux qui ne veulent pas la voir, ne la voient pas." Un membre d'Aides, également présent aux côtés du syndicat, s'inquiète des conséquences néfastes d'une telle mesure: "En condamnant les prostituées à se cacher encore un peu plus, on les éloigne de toute prévention. On risque d'assister à une recrudescence des MST à cause d'une telle mesure", s'inquiète Fred Bladou. Mais selon le rapport suédois, la prostitution ne peut être entièrement clandestine puisqu'elle doit être accessible et publicisée pour les clients.
Notre travail n'est pas uniquement sexuel,il est également social
Les détracteurs de la convention s'inquiètent enfin d'une recrudescence de la violence sexuelle. "Notre travail n'est pas uniquement sexuel, assure Cloe Leprince, il est également social. Les hommes qui viennent nous voir nous parlent de leurs problèmes, de leurs pulsions et de leurs angoisses. Nous faisons le tampon dans la société."
La convention entend interpeller les politiques en matière de prostitution et faire reconnaitre les prostituées comme des victimes et non comme les coupables. Elle souhaite, en effet, que la loi sur le racolage adoptée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, soit abrogée et qu'une politique d'accompagnement des travailleuses du sexe soient mises en place. "Pour faire cesser la prostitution, il faut proposer aux prostituées des alternatives plutôt que de les marginaliser. Elles ne sont pas à l'origine du système, elles en sont les premières victimes", poursuit la porte-parole.
Le 6 décembre prochain, les différents présidents de groupe à l'Assemblée nationale déposeront ensemble une proposition de résolution, mais dont l'objectif sera probablement largement en deça des attentes des prostituées.
la prostitution reconnue comme un système de violence ?
- tisiphoné
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la prostitution reconnue comme un système de violence ?
- Jarod1
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Re: la prostitution reconnue comme un système de violence ?
La prostitution n'est pas pénalement réprimée.
Intellectuellement, je vois difficilement comment on peut interdire à quelqu'un d'acheter ce qu'un autre est autorisé à lui vendre....(même raisonnement quand on dit qu'il faut autoriser la consommation de drogue mais continuer de punir sa vente).
Ensuite, je pense que ça n'est pas efficace, l'article dit bien qu'en Suède, le texte a eu pour effet de faire baisser la prostitution de rue. Autrement, on cache la poussière sous le lit...
Ensuite, sans nier les problèmes de traffic d'être humains ou autres horreurs - qui eux bien entendu doivent être impitoyablement poursuivis même si c'est compliqué- il existe des prostituées volontaires et après tout, chacun fait ce qu'il veut avec son cul et avec son portefeuille.
Intellectuellement, je vois difficilement comment on peut interdire à quelqu'un d'acheter ce qu'un autre est autorisé à lui vendre....(même raisonnement quand on dit qu'il faut autoriser la consommation de drogue mais continuer de punir sa vente).
Ensuite, je pense que ça n'est pas efficace, l'article dit bien qu'en Suède, le texte a eu pour effet de faire baisser la prostitution de rue. Autrement, on cache la poussière sous le lit...
Ensuite, sans nier les problèmes de traffic d'être humains ou autres horreurs - qui eux bien entendu doivent être impitoyablement poursuivis même si c'est compliqué- il existe des prostituées volontaires et après tout, chacun fait ce qu'il veut avec son cul et avec son portefeuille.
"disons que la chine est un pays particulier,c'est sur,tout le monde a du travail,et ceux qui ne savent rien faire au lieu d'attendre que ça passe balayent les autoroutes.
on ne sait pas trop à quoi ca sert,mais au moins,ils travaillent."
on ne sait pas trop à quoi ca sert,mais au moins,ils travaillent."