Le nombre d'enfants étrangers adoptés par des familles françaises a fortement baissé en 2011, en grande partie à cause de la suspension des adoptions en Haïti durant l'année, ce qui suscite la crainte d'associations spécialisées.
Selon le ministère des Affaires étrangères, 1.995 enfants étrangers ont été adoptés en France contre 3.500 en 2010, un chiffre qui avait été gonflé par l'arrivée d'un millier de petits Haïtiens dans la foulée du séisme de janvier 2010. Environ 3.000 enfants avaient été adoptés en 2009.
Courant 2010, les nouvelles adoptions en Haïti ont été suspendues à la fois en raison du séisme et d'un changement juridique, et seulement trente-quatre petits Haïtiens ont été adoptés en France en 2011.
La France a officiellement repris les adoptions dans l'île le 23 décembre dernier, selon un nouveau cadre législatif. Une décision qui ne devrait concerner dans un premier temps que des enfants dont les dossiers avaient été bloqués par les conséquences du tremblement de terre.
Haïti promet de ratifier la convention de La Haye, qui encadre l'adoption internationale en interdisant notamment les adoptions "directes" (les parents adoptants contactent directement les parents d'un enfant à l'étranger), dans le but de lutter contre les trafics d'enfants.
L'île interdit de plus les adoptions individuelles (les adoptants contactent directement les autorités du pays de l'enfant): toute démarche doit passer par un organisme autorisé pour l'adoption (OAA).
A mesure que les pays ratifient la convention de La Haye et interdisent l'adoption individuelle, comme le Vietnam, les conditions d'adoption se durcissent un peu partout, diminuant les possibilités dans certains pays et, par un effet de report, allongeant encore les délais pour adopter dans d'autres pays.
Sur les 1.995 adoptions de 2011, 620 ont été réalisées de façon individuelle. En 2006, près de la moitié des 4.000 adoptions étaient individuelles.
Résultat, depuis 2006, le nombre d'adoptions internationales a baissé de moitié.
Alors que Haïti était en 2009 le premier pays d'origine des enfants adoptés en France, c'est désormais l'Ethiopie qui détient cette place, avec 288 bambins adoptés en 2011. Viennent ensuite la Colombie (286), la Russie (286) et le Vietnam (264).
La baisse régulière du nombre d'adoptions internationales inquiète Enfance et Famille d'Adoption (EFA), qui dit fédérer "93 associations départementales, regroupant 10.000 familles".
Dans un communiqué publié lundi, elle estime que "le dispositif français semble plus inadapté que jamais à l'évolution de l'adoption internationale" et fustige "une gestion au jour le jour, quasiment exclusivement administrative".
EFA demande aux autorités françaises "de renforcer les OAA", "de mieux encadrer l'agrément des organismes" et de mieux coopérer avec les pays d'origine.
Les candidats à l'adoption sont donc confrontés à la fois à des conditions durcies à l'étranger et à un faible nombre d'enfants légalement adoptables en France. Les petits doivent en effet faire l'objet d'un "désintérêt manifeste" de la part de leurs parents, une notion complexe rarement décidée par la justice.
La députée (UMP) Michèle Tabarot a déposé une proposition de loi (PPL) en septembre à l'Assemblée nationale, destinée à remplacer cette notion par celle de "délaissement parental", moins "floue", selon l'exposé des motifs de la PPL, qui devrait avoir un avenir écourté en raison des échéances législatives prochaines.