Les astronomes du monde entier pointaient leurs télescopes vers le ciel pour observer mardi soir et mercredi le passage de la planète Vénus devant le Soleil, un phénomène rarissime qui ne se reproduira pas avant 105 ans.
Prenant la forme d'un point noir sur la surface du Soleil, le passage de Vénus ne doit être observé --comme pour toute éclipse-- qu'à travers des filtres solaires sous peine de risquer de devenir aveugle, rappellent les spécialistes.
Le début du phénomène sera visible en Amérique du Nord, en Amérique centrale et dans le nord de l'Amérique du Sud à partir de 22H00 GMT environ mardi.
Dans l'est de l'Asie et dans l'ouest du Pacifique, l'intégralité de l'éclipse sera visible, tandis que la fin du phénomène pourra être observée au lever du jour mercredi en Europe, au Moyen-Orient et en Asie du Sud.
Dans la majeure partie du continent sud-américain et en Afrique de l'Ouest et du Sud-Ouest, l'éclipse ne sera pas observable directement.
Le prochain passage de Vénus entre le soleil et la Terre n'aura lieu qu'en 2117, soit dans 105 ans. Ces transits surviennent par paire à huit ans d'intervalle avant de ne plus avoir lieu pendant plus d'un siècle. Au XXIe siècle, le précédent était en 2004 et aucun ne s'est produit au XXe siècle.
"Un passage (devant le Soleil) est un spectacle superbe et rare. Quand on pense à l'immensité du ciel, il est rare de voir une planète se glisser devant le Soleil. Et il faudra effectivement attendre jusqu'en 2117 pour voir le prochain" passage de Vénus, a expliqué Richard Harrison, chercheur qui travaille sur l'observatoire solaire "Solar Dynamics Observatory", ou SDO.
Le SDO, lancé par la Nasa en 2010, doit aider à mieux comprendre les activités du soleil ainsi que leur impact sur la Terre et son climat.
L'agence spatiale américaine compte d'ailleurs "collecter les meilleures impressions" du passage de Vénus devant le Soleil grâce à cet observatoire, en orbite autour de la Terre.
La mission spatiale européenne Venus Express, seule sonde à orbiter autour de l'"étoile du berger", aura quant à elle la possibilité de mieux étudier l'atmosphère de Vénus grâce à la lumière du Soleil qui s'y réfléchit.
Enfin, le télescope spatial Hubble de la Nasa, qui ne peut directement observer le Soleil, se servira de la Lune comme d'un miroir pour capter la lumière qui s'y reflètera et, ainsi, en savoir un peu plus sur l'atmosphère de Vénus.
Pour les astronomes, ce passage de Vénus va aussi être l'occasion de vérifier les techniques d'observation des exoplanètes lointaines transitant devant leur étoile.
Vénus, que l'on nomme à tort "étoile", est en fait une planète, longtemps considérée comme "jumelle" de la Terre, jusqu'à ce que l'exploration spatiale parvienne à percer son épaisse couche nuageuse.
Son diamètre est comparable à celui de notre planète (95%), tout comme sa masse (80%).
Mais son atmosphère est saturée de gaz carbonique, renferme une pression 90 fois supérieure à la nôtre et la température dépasse les 450°C. "N'importe quel astronaute suffisamment malchanceux pour y atterrir serait simultanément écrasé, rôti, étouffé, dissous", selon la Royal Astronomical Society britannique.
Plusieurs sites américains permettent de suivre le passage de Vénus devant le Soleil.