Des salles de shoot testées avant 2013
3'CHRONO - Marisol Touraine examine les "conditions dans lesquelles cela peut se faire".
L'info. La ministre de la Santé a indiqué dimanche sur BFM TV qu'elle "espérait" lancer en France l'expérimentation des salles de consommation de drogue, d'ici la fin de l'année. Marisol Touraine a précisé que plusieurs municipalités "de droite comme de gauche" étaient déjà "prêtes à s'engager" pour accueillir ces salles de shoot.
Mais en fait, c'est quoi une salle de shoot ? Ces salles de consommations supervisées permettent aux toxicomanes de consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène et sous supervision de personnels de santé.
Où seront menées les expérimentations ? Une salle de shoot est déjà prête à Paris, située entre la gare du Nord et la gare de l'Est. Médecins du Monde (MDM) et l'association Gaïa-Paris ont présenté le lieu, la semaine dernière, à la presse. 200 à 250 personnes pourraient y être reçues chaque jour. Celles-ci devront être majeures et sobres à leur arrivée. Après un entretien pour retracer son parcours de consommateur, l'usager se verrait remettre une carte d'accès, lui permettant de consommer la drogue qu'il aura lui-même apportée, avec du matériel stérile fourni. Par ailleurs, comme l'avait révélé Europe 1, d'autres projets de salles de shoots sont également à l'étude à Marseille, Bordeaux, Lille et Toulouse.
Qu'en pensent les Français ? Une majorité des personnes interrogées (55%) sont contre les salles de shoot, selon un sondage Ifop publié le 26 septembre. 31% se déclaraient "très opposés", et 24% "plutôt opposés" à cette expérimentation. Des chiffres qui contrastent avec un sondage Ifop d'août 2010, où une majorité de Français (53%) se disaient alors favorables à ces salles de shoot.
Et François Hollande ? Pendant la campagne présidentielle, François Hollande s’était montré favorable au concept. "J’ai entendu avec intérêt les propositions des maires des grandes villes comme Paris et Marseille visant à améliorer la réduction des risques liés à la consommation de drogue. Je leur laisserai la possibilité de mener des expérimentations pour améliorer la santé des usagers de drogue et réduire les nuisances dans nos quartiers", avait ainsi promis le candidat socialiste, le 19 mars 2012, aux membres d’Aides, l’association de lutte contre le Sida.
Quels pays les ont testées ? La première salle de ce type a été installée en Suisse, il y a déjà plus de vingt ans. Depuis, des structures similaires ont vu le jour dans des pays européens tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne, la Norvège et bien sûr, la Suisse. L’Australie et le Canada en ont également mises en place. Une étude de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies montre que ces centres d’injection n’entraînent pas une hausse de la toxicomanie dans les populations environnantes.
http://www.europe1.fr/France/Des-salles ... 3-1283213/
Cette décision courageuse permettra à la France de se doter d’un outil complémentaire efficace pour la réduction des risques. Je me félicite que le gouvernement rompe avec l’approche dogmatique de la majorité précédente et ouvre la voie à des solutions pragmatiques qui ont fait leurs preuves, tant en terme de santé publique que de sécurité publique. A Paris, nous serons fiers de porter cette innovation sociale et sanitaire, en toute transparence et en cohérence avec nos valeurs.
Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et médecin.
Quand un drogué va venir dans une salle de shoot, et qu’il fera un accident, qui sera responsable? L’Etat. Quand ce même drogué sortira après s'être shooté, et s’il commet un crime, un délit, un accident, qui sera responsable? L’Etat. Si un jeune ou un moins jeune fait une action contre l’Etat en disant je voulais m’arrêter mais les salles de shoot sont des incitations (...) il va porter plainte contre l’Etat qui sera condamné. J’ai un frère aîné qui est passé par là, par des problèmes graves. Il a écrit un livre qui s’appelle Trente ans avec sursis. Il explique ces problèmes, ces pérégrinations, ces drames. Il n’est pas du tout favorable aux salles de shoot. Moi j’y suis très opposé.
Bernard Debré, député UMP et médecin
Nous acceptons cette expérimentation, même si nous ne sommes pas dupes de la visée électoraliste d'un tel choix.
Yves Moraine, président du groupe UMP au conseil municipal de Marseille
Entre cela et les déclarations de monsieur Peillon sur la dépénalisation du cannabis, on a de quoi s’inquiéter sur les cours de morale laïque qui vont être donnés à nos enfants dans les écoles. On n’est pas obligés de les aider à se droguer. Il y a des hôpitaux pour les soigner. Je trouve que c’est dramatique sur le plan moral, politique, sanitaire. J’ai évidemment une pensée pour les riverains de ces salles de shoot, qui vont être obligés de vivre aux côtés de gens dépendants à la drogue, avec tous les risques que cela entraîne.
Marine Le Pen, députée et présidente du FN
«On peut toujours expérimenter, c’est un signe de pragmatisme et d’ouverture d’esprit. Le principe de rendre plus accessible la drogue est pour moi une aberration.»
Rama Yade, vice-président de l'UDI
Non, trois fois non. Sur ces sujets, la légalisation du cannabis et les fameuses salles de shoot, il ne faut pas envoyer ce message terrible que quelque part, l’Etat accompagnerait, encadrerait. Il faut soigner les gens qui sont malades. L’idée de dire qu’il y a des lieux où vous pouvez vous droguer officiellement, ou que le cannabis devient un produit qui n’est plus illégal, va à l’encontre de la santé publique. Ecoutons les médecins qui disent tous la même chose.
Yves Jego, député UDI
J'ai pas trouvé de réactions "contre" de la part de membres du PS, j'imagine qu'après les clash récent à l'intérieur du gouvernement, ya du yavoir des consignes données aux opposant coté PS à se taire...