Le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, accusé d'avoir tenté de faire exploser un avion entre Amsterdam et Detroit, avait "disparu" il y a quelques mois d'une université de Dubaï où il étudiait le commerce international, a indiqué, mardi 29 décembre, un responsable.
Le jeune homme de 23 ans, fils d'un riche et reconnu banquier nigérian, a passé plusieurs mois dans la branche installée à Dubaï de l'université australienne de Wollongong, avant de soudainement disparaître en milieu d'année, a déclaré le vice-chancelier de l'université, Gerard Sutton, sur la radio ABC. "Il avait commencé les cours en janvier 2009 mais avait disparu de la résidence en milieu d'année et a été exclu pour le second semestre, vers août, septembre ou octobre, sur la base du non-paiement des frais de scolarité", a-t-il indiqué.
Selon M. Sutton, le jeune Nigérian, qui avait également étudié à Londres, avait un comportement normal alors qu'il préparait à Dubaï un diplôme de commerce international. "C'était un étudiant normal, un étudiant qui réussissait ses examens", a ajouté M. Sutton. "Nous n'avions aucun élément sur ses activités en dehors de l'université."
"UN JEUNE HOMME AUX BONNES MANIÈRES"
De son côté, le président et doyen de l'University College London (UCL) a décrit M. Abdulmutallab comme étant "un jeune homme aux bonnes manières, parlant calmement, poli et doué". Malcolm Grant a confirmé qu'Abdulmutallab avait suivi des cours dans son université afin de préparer une licence en génie mécanique entre 2005 et 2008.
"Durant cette période de cours, Abdulmutallab n'a jamais causé de problèmes à ses professeurs", a affirmé Malcolm Grant. "Nous sommes profondément choqués par les nouvelles le concernant", a-t-il ajouté dans un communiqué. M. Grant a encore indiqué que "la collaboration entre le département [de génie mécanique] et Abdulmutallab avaient cessé en juin 2008 une fois sa licence obtenue".
Par ailleurs, le département d'Etat américain a affirmé lundi qu'il ne disposait pas d'éléments suffisants pour annuler le visa du jeune Nigérian, malgré les inquiétudes soulevées par son père. Le père du jeune homme de 23 ans avait fait part le 19 novembre à l'ambassade des Etats-Unis à Abuja de "son inquiétude" quant à la radicalisation de son fils. Cette information avait été transmise le lendemain à la diplomatie américaine ainsi qu'au Centre national d'antiterrorisme (NCTC, créé après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis).
LE VISA ÉTAIT VALABLE
"L'information (...) n'était pas assez importante" pour que cet organe de coordination "détermine qu'il fallait annuler le visa de cette personne", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly. Le câble transmis à Washington par sa représentation à Abuja ne précisait pas que l'ambassade américaine à Londres avait remis en juin 2008 à M. Abdulmutallab un visa de touriste valable deux ans, a ajouté M. Kelly.
Surtout, a-t-il insisté, le département d'Etat ne peut en aucun cas retirer des visas pour des soupçons de terrorisme, cette prérogative revient au NCTC. Le département d'Etat peut décider de les révoquer seulement afin de répondre à des exigences diplomatiques et de politique étrangère, a souligné le porte-parole. Selon une source anonyme au département d'Etat, le père du jeune homme avait également indiqué à l'ambassade américaine que son fils était allé au Yémen, pays où la présence d'Al-Qaida est croissante, et ce détail avait été transmis à Washington.
"Le père est venu [à l'ambassade] et était inquiet pour la sécurité de son fils, il se demandait où il se trouvait et si le gouvernement américain pouvait l'aider. (...) Le père a dit qu'il était allé au Yémen", a dit cette source.