Plusieurs prisonniers talibans ont été libérés en échange des deux journalistes français Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et leurs accompagnateurs locaux, ont annoncé jeudi les talibans, au lendemain de la fin de la captivité des deux otages. Les rebelles ne donnent aucun chiffre, se contentant d'évoquer "plusieurs" combattants dans un communiqué. Selon des talibans de haut rang, au moins deux commandants ont été libérés dans le cadre de cette affaire.
Ces deux hommes appartiennent au groupe de Qari Baryal, un chef taliban de la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul, qui détenait les journalistes français depuis 18 mois. Une de ces sources a affirmé que quinze autres combattants talibans de plusieurs régions d'Afghanistan avaient également été libérés en échange des deux journalistes. Mais cela n'était pas confirmé par les autres sources.
Commandants moudjahidine
"Pour permettre la libération des deux journalistes français capturés il y a près de 18 mois par les combattants de l'Émirat islamique d'Afghanistan (EIA, le commandement taliban, ndlr) dans la province de Kapisa, l'EIA avait posé ses conditions auprès des autorités françaises", explique dans un communiqué le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. Après plusieurs tractations, "la France a finalement été conduite a accepter les conditions de l'EIA et à consentir à la libération d'un nombre de ses commandants moudjahidine en échange de la libération des journalistes", affirme-t-il.
"Avec la bénédiction de Dieu, les commandants moudjahidine ont été libérés, et les prisonniers (journalistes) également", ajoute-t-il. "En matière d'échange de prisonniers, la libération de ces moudjahidine est un très grand succès, et nous félicitons tous les moudjahidine, notamment ceux de Kapisa et ceux qui ont été libérés, et nous prions Allah pour la libération en bonne santé de tous nos combattants toujours au mains de l'ennemi", conclut le porte-parole des talibans.
"Pas de rançon payée" (Juppé)
Aucun détail n'a été communiqué par le gouvernement français sur la teneur des négociations avec les ravisseurs et les contreparties éventuelles exigées en termes de libération de détenus talibans par le gouvernement afghan ou de versement de rançon.
"La France ne paie pas de rançon", a affirmé mercredi le ministre de la Défense Alain Juppé, alors que plusieurs médias français affirment qu'une rançon a bien été versée aux ravisseurs, via le Pakistan. Un responsable taliban a pourtant évoqué auprès de l'AFP le versement d'une rançon "de plusieurs millions de dollars".