..................................................Soudan: La France a évacué près de 400 personnes de Khartoum vers Djibouti.
Appuyées par des forces spéciales, les ambassades quittent la capitale, Khartoum, livrée à des combats fratricides. Plus de 1000 ressortissants de l'UE ont été évacués en tout.
Plusieurs pays ont débuté des opérations de rapatriement de leurs ressortissants du Soudan,où la guerre entre armée et paramilitaires fait rage depuis plus d'une semaine.Les violences,principalement à Khartoum et au Darfour (ouest),ont fait,selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 420 morts et 3700 blessés.
Ces évacuations, encadrées par des militaires, ont impliqué de très nombreux pays. Le ministre britannique de la Défense a dit que les opérations, dimanche, avaient été menées « aux côtés des États-Unis, de la France et d'autres alliés ». Selon les liens, alliances et opportunités, une coordination internationale s'est ainsi mise en place. Le point sur la situation à Khartoum, où une guérilla urbaine fait rage.
Les Français quittent Khartoum en avion pour Djibouti:
Depuis dimanche, près de 400 ressortissants français et de multiples nationalités ont été évacués vers Djibouti via un pont aérien, a-t-on appris auprès du ministère français des Affaires étrangères.
«Ces rotations ont permis d'évacuer 388 personnes, dont les ressortissants français qui le souhaitaient ainsi qu'un nombre significatif de citoyens d'autres pays, notamment européens (Allemagne, Autriche, Danemark, Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Irlande, Pays-Bas, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Suisse) mais également africains (Afrique du Sud, Burundi, Éthiopie, Lesotho, Maroc, Namibie, Niger, Ouganda, Rwanda Soudan), d'Amérique (États-Unis, Canada) et d'Asie (Inde, Japon, Philippines)», détaille-t-il dans un communiqué.
Selon une source aéroportuaire djiboutienne, un premier avion transportant 106 passagers avait déjà atterri en fin d'après-midi à Djibouti. C'est au terme d'une journée éprouvante pour les ressortissants français et leurs proches qu'un premier avion a pu rejoindre la base aérienne de Djibouti avec une centaine de personnes à bord. Un deuxième avion en partance de Khartoum est lui arrivé plus tard dans la soirée. Pourtant, à la nuit tombée, la majorité des personnes « éligibles » à l'évacuation restaient sur le tarmac, les rotations suivantes ayant lieu ce lundi.
L'évacuation qui devait se faire à l'origine par voie terrestre a finalement laissé la place à un pont aérien. Un casse-tête inimaginable au vu du nombre de voitures nécessaires, sans compter le carburant dans une ville où l'essence est un bien aussi précieux que les armes. Une opération discrète, source d'inquiétude, lorsque le compte Twitter affilié aux Forces de Soutien Rapide (FSR), la milice d'Hemedti, annonce que « le convoi d'évacuation des ressortissants français a été pris pour cible par un avion de chasse faisant un blessé ».
Si le MAE ne confirme aucun blessé côté français (l'hypothèse d'un militaire a émergé en cours de journée), il admet toutefois l'échec de cette première évacuation. Questionnées sur ces tirs, des sources aux ministères français des Affaires étrangères et des Armées ont déclaré ne pas «souhaiter commenter ce genre de rumeur» alors que «l'opération n'est pas terminée». «On ne l'aurait pas faite si on n'avait pas eu des garanties de sécurité de la part des belligérants, qui ont été réitérées et réitérées», ont-elles affirmé.
On découvre dans le même temps que ce sont les FSR et non pas l'armée qui sont en charge de la protection et de l'évacuation des citoyens français. Sur Twitter, le sujet fait polémique. La France y est accusée de légitimer cette milice, responsable (au moins pour moitié) du conflit actuel. D'autres concédant que la raison justifie les moyens et que le réalisme prend parfois le pas.
« Les FSR contrôlent les routes d'évacuation et la zone dans laquelle se trouve l'ambassade, ce n'est pas un alignement politique, mais un choix stratégique », justifie une source en charge du dossier. Une alliance de circonstance sûrement négociée par la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colona, lors d'un appel avec le général Hemedti la veille.
L'opération d'évacuation des ressortissants français, nommée «Sagittaire», est d'une «extrême complexité» et «peut engendrer des difficultés jusqu'au bout» dans un pays en guerre où, en outre, les «réseaux ne sont plus fonctionnels», alors qu'une géolocalisation précise des ressortissants est nécessaire, ont-elles ajouté.
Quelque 150 militaires sont mobilisés, «des éléments de protection, d'autres de reconnaissance, de soutien logistique et des personnels médicaux», dans une «situation volatile», où les deux camps «continuent de faire la guerre, même pendant les trêves», selon l'état-major des armées françaises.
Une opération pour le personnel du gouvernement américain:
Le président américain, Joe Biden, a annoncé le premier, samedi soir tard, que son armée avait « mené une opération pour extraire le personnel du gouvernement américain de Khartoum ». Quelque 100 soldats des opérations spéciales américaines ont participé à l'évacuation d'« un peu moins d'une centaine » de personnes, dont plusieurs diplomates étrangers, au moyen d'une opération héliportée, partie de Djibouti avant de faire escale en Éthiopie.
Une évacuation des autres ressortissants américains, qui seraient plusieurs centaines, n'est pas prévue « pour le moment », avait alors déclaré un haut responsable du Département d'État, John Bass.
1 500 Européens à évacuer:
L'Union européenne multiplie les contacts pour évacuer, par voie terrestre, ses quelque 1500 ressortissants pris dans les combats à Khartoum. Plus de 1000 ressortissants avaient été déjà évacués lundi matin, a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
L'UE a une délégation à Khartoum et sept pays - France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Grèce et République tchèque - ont des représentations dans la capitale soudanaise. Deux avions militaires français transportant 200 personnes de différentes nationalités ont atterri à Djibouti dimanche.
« Les forces armées britanniques ont procédé à une évacuation complexe et rapide du Soudan des diplomates britanniques et de leurs familles, dans un contexte d'escalade de la violence et de menaces à l'encontre du personnel de l'ambassade », a tweeté dimanche le premier ministre britannique, Rishi Sunak.
Le gouvernement espagnol a aussi expliqué avoir évacué dimanche une centaine de personnes par avion militaire, avec une trentaine d'Espagnols et quelque 70 ressortissants d'autres pays à bord.
L'Italie a elle procédé, le même jour, à l'évacuation «d'environ 200 personnes» selon les Affaires étrangères, la Première ministre Giorgia Meloni précisant plus tard que tous les Italiens «qui avaient demandé à partir ont été évacués» du Soudan, avec des «citoyens étrangers».
«Nous faisons le possible et l'impossible pour garantir leur sécurité. Au total, nos soldats prendront en charge environ 200 personnes, y compris des ressortissants suisses et des membres de la nonciature apostolique », a assuré le ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, sur la chaîne publique RAI 3. Tous les Italiens ayant demandé à partir auraient été évacués dimanche soir, selon le gouvernement italien.
Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a déclaré qu'il participait à une opération d'évacuation internationale, soulignant que ses équipes feraient leur possible pour évacuer des citoyens «rapidement ».
L'Allemagne a fait de même et a déjà évacué 101 personnes dimanche soir. « Notre objectif est d'évacuer par avion le plus grand nombre possible de ressortissants (allemands) de Khartoum, compte tenu de la situation dangereuse au Soudan. Dans la mesure du possible, nous emmènerons également des ressortissants de l'UE et d'autres pays », ont communiqué dimanche les ministères des Affaires étrangères et de la Défense allemands.
Des centaines de ressortissants du Moyen-Orient évacués:
L'Égypte, grand voisin du nord, a annoncé l'évacuation «par voie terrestre de 436 ressortissants» et l'Arabie saoudite a sorti samedi 91 Saoudiens, ainsi qu'une soixantaine de ressortissants de douze autres pays en direction de Djedda, sur la mer Rouge.
La Jordanie a déclaré samedi avoir commencé l'évacuation d'environ 300 de ses ressortissants, selon le ministère des Affaires étrangères.
L'Irak a, pour sa part, annoncé, dimanche, l'évacuation de 14 Irakiens de Khartoum, « vers un site sécurisé de Port-Soudan », assurant que les efforts se poursuivent pour évacuer ceux qui restent, selon l'agence de presse irakienne INA. La veille, Bagdad avait annoncé que « l'équipe diplomatique irakienne avait été évacuée » de l'ambassade.
Le Liban a déclaré que 60 de ses ressortissants avaient également quitté Khartoum par la route et qu'ils étaient « en sécurité », avant leur évacuation par la mer.
Une évacuation reportée:
La Turquie a annoncé qu'elle évacuerait ses « ressortissants se trouvant dans les zones de conflit par la voie terrestre et en passant par un pays tiers ». L'évacuation des quelque 600 ressortissants a commencé dimanche depuis deux quartiers de Khartoum et de Wad Madani, à 200 kilomètres au sud.
Mais l'évacuation du quartier de Kafouri, dans le nord de Khartoum, a été reportée « jusqu'à nouvel ordre », à cause d'une explosion dimanche près d'un lieu de rassemblement, a annoncé sur Twitter l'ambassade de Turquie à Khartoum. Quelque 600 ressortissants turcs vivent au Soudan.
D'autres pays se préparent à évacuer leurs ressortissants, notamment la Corée du Sud, l'Indonésie ou le Japon.
Source:Le Figaro.