Once a écrit : ↑11 mai 2024 17:37
Assurément. Le 7 octobre l'a clairement prouvé.
Le terme et la définition de génocide sont assez contemporains : "utilisé pour la première fois en 1944 par l'avocat polonais Raphaël Lemkin, dans son livre intitulé Axis Rule in Occupied Europe. Il se compose du préfixe grec genos, qui signifie « race » ou « tribu », et du suffixe latin cide, qui renvoie à la notion de « tuer ».
L'article II de la Convention sur le génocide contient une définition étroite du crime de génocide, qui conjugue deux grands éléments :
. un élément psychologique : « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », et
. un élément matériel, qui comprend les cinq actes ci-après, énumérés de manière exhaustive :
.
le meurtre de membres du groupe
.
des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe
.
la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle
. des mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe
. le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe"
https://www.un.org/fr/genocideprevention/genocide.shtml
Même si je suis d'accord avec vous sur le fait que le terme de "génocide" peut paraître inapproprié, il répond quand même à quelques uns des critères que j'ai surlignés ci-dessus concernant Gaza. C'est peut-être pourquoi la notion de "risque génocidaire" a été employé à juste titre pour désigner ce qui se passe en ce moment à Gaza par la Cour Internationale de Justice des Nations Unies .
Par ailleurs, concernant le critère "d'intention avérée" qui, effectivement est très important : à ma connaissance ni les nazis ni même les turcs n'ont officiellement affiché leurs intentions génocidaires, les premiers à l'égard des Juifs, les seconds à l'égard des Arméniens. Tous ces projets ont été soigneusement clandestins. Aucune dictature, aucun régime fasciste ne s'est jamais vantée d'aller organiser un génocide. C'est pourquoi "l'intention avérée" doit être prouvée après coup, et malheureusement bien trop longtemps après sa réalisation ( ce qui a été le cas pour le génocide des Juifs par les nazis)
Par ailleurs encore, pour en venir à bout d'un peuple, son extermination physique n'est pas forcément nécessaire : il y a bien d'autres moyens de parvenir à des fins à peu près similaires et apparemment "plus humaines".
Les exemples ne manquent pas : ce que la Chine a fait des Tibétains, ce qu'elle est en train de faire des Ouïghours, ce que la Russie de Poutine espère faire des Ukrainiens (et qu'elle a déjà réalisé en partie à Marioupol : on rase tout, on reconstruit et on éduque les plus jeunes "à la soviétique".)
Donc, non : Israël n'a jamais proclamé officiellement haut et fort son intention de pratiquer un génocide à Gaza.
Et pourtant ! Des preuves accablantes sont en train d'être répertoriées et dont Israël devra répondre un jour parce qu'elle prétend être une démocratie soucieuse des droits de l'Homme. En tout cas : si elle prétend toujours en être une.
Rien qu'une chose déjà : au regard du droit international, toute force occupante est responsable des populations civiles dont elle a la charge.
Or, ce que fait Israël à Gaza depuis plusieurs mois est complètement disproportionné par rapport à ce qui n'aurait dû être qu'une légitime défense proportionnelle aux massacres du 7 Octobre.
Quels que soient les motifs invoqués, quand on détruit systématiquement toutes les infrastructures d'une région, tous ses hôpitaux, toutes ses écoles, toutes ses universités, toutes ses routes, toutes ses habitations, des immeubles entiers avec tous leurs habitants pour y éliminer deux ou trois terroristes cachés, quand on empêche sciemment d'entrer dans une région toute l'aide humanitaire nécessaire pour venir en aide à une population au bord de la famine, ce n'est pas un génocide certes, mais c'est quoi au juste alors ? Une vengeance aveugle et sans bornes. Indigne d'un état démocratique. Un massacre de masse correspondant à tout le moins à
un crime contre l'humanité (équivalent à celui du Hamas le 7 octobre) : oui mais Israël n'est pas une organisation terroriste, Israël n'est pas le Hamas, Israël est un état officiellement reconnu, membre de l'ONU qui l'a crée et, en principe, seule démocratie du Proche-Orient qui devrait donner l'exemple.
Alors quel est le but (non avoué bien sûr) d'Israël à Gaza ? Pousser toute une population à un exil officiellement "volontaire".
Pardon ? Exil volontaire ou forcé ? On parlera pudiquement de "déplacement".
Mais si c'étaient les Israéliens qui se trouvaient en ce moment à la place des gazaouis, nul doute que l'on parlerait alors de "déportation".
Déportation caractérisée aussi de
crime contre l'humanité aux yeux du droit international