Source:Le Figaro.
Deux ans après avoir été mis en examen concernant les emplois fictifs de son épouse, François Fillon pourrait se trouver rapidement au tribunal. Le parquet national financier (PNF) a signé mercredi un réquisitoire en faveur du renvoi de l'ex-candidat à la présidentielle, son épouse et son ancien suppléant à l'Assemblée nationale Marc Joulaud devant le tribunal correctionnel, révèle Le Monde vendredi. Si ces préconisations sont suivies par le juge Serge Tournaire, chargé du dossier, les trois acteurs de l'affaire pourraient être jugés très prochainement. Avant la fin de l'année 2019, avance le quotidien.
Au cœur du dossier, les soupçons d'emplois fictifs de Pénélope Fillon et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires de l'ex-premier ministre, puis de Marc Joulaud. Malgré des contrats entre 1998 et 2007, le PNF n'a relevé «aucun élément tangible» permettant «de confirmer la réalité» de l'activité de la femme de l'ancien candidat.
«Aucune trace écrite, aucun témoignage objectif et concordant n'a pu être mis au jour alors qu'une activité professionnelle réelle, étalée sur plus de dix années, est nécessairement matérialisée par des traces concrètes», note le parquet. Et d'ajouter: «Les contrats de travail apparaissent purement formels», n'ayant été ponctués «ni de congés annuels, ni de congés maternité, ni d'arrêts maladie alors même que Pénélope Fillon bénéficiait d'indemnités de licenciement, d'une indemnité de précarité et sa majoration, d'une indemnité de congés payés et même d'une prime d'ancienneté».
Quant à François Fillon, il ne «pouvait ignorer» l'activité de sa femme. Son attitude «relève l'intentionnalité d'une complicité par instigation et un recel de détournement de fonds publics». L'emploi des deux enfants Fillon, Marie et Charles, ne nécessiterait pas une mise en examen, même si «des doutes subsistent sur la réalité et la consistance de leur investissement professionnel», ajoute le PNF.
«Amitié ou complaisance»:
Les investigations du parquet portent aussi sur les salaires - 3500 euros net par mois - touchés de mai 2012 à décembre 2013 par Pénélope Fillon pour un emploi à la Revue des deux mondes. Sur cette période, Mme Fillon n'avait publié que deux notes de lecture, assurant par ailleurs avoir assumé un rôle de conseiller auprès du propriétaire Marc Ladreit de Lacharrière.
Il y a quelques semaines, ce dernier a donné son accord à une procédure de comparution de culpabilité, signifiant qu'il reconnaît la vérité des charges qui pèsent contre lui. «En dépit de la bonne foi affirmée par l'intéressé dans son intention d'octroyer initialement un véritable travail à Pénélope Fillon, plusieurs éléments laissent présumer que cet emploi a été accordé par amitié ou complaisance pour François Fillon», note encore le parquet.
La signature de ce réquisitoire intervient un peu moins de deux mois après la fin de l'enquête des juges d'instruction dans cette affaire, révélée le 25 janvier 2017 par Le Canard enchaîné, qui a provoqué la chute de François Fillon. Le 14 mars 2017, il avait été notamment mis en examen pour «détournement de fonds publics» et «complicité et recel d'abus de bien sociaux». Parti favori dans la course à l'Élysée - après avoir remporté la primaire de la droite en mettant en avant son image d'homme intègre - Fillon avait finalement été éliminé dès le premier tour, en avril.
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