Source:Le Parisien.
Est-ce vraiment un appel à l’union qu’a lancé Jean-Luc Mélenchon, ce mercredi, dans les colonnes du quotidien Libération ? « Si l’élection (NDLR : les européennes) nous en donne la force […], nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux », a déclaré le leader de la France insoumise (LFI). Tout en réaffirmant « la centralité » de son mouvement et de son programme « l’Avenir en commun ».
Il y a un an, Mélenchon avait déjà proposé de constituer un « Front Populaire nouvelle manière ». L’ancien candidat à la présidentielle qui avait réussi, l’année précédente, à réunir sur son nom quelque 19,6 % des suffrages et 7 millions d’électeurs, avait reçu « des réponses » qu’il qualifie de « très méprisantes ». Aujourd’hui, c’est un Mélenchon fragilisé qui tente de nouveau le rassemblement, une main tendue aux électeurs plus qu’aux partis, au « peuple » plutôt qu’à la gauche. Une façon de répondre à ceux qui, au sein de LFI, ne cachaient plus leurs réserves sur la stratégie en solo menée par leur chef depuis son échec à la présidentielle de 2012 et son appel, alors, à voter François Hollande au second tour.
Critiqué pour son « autoritarisme » par certains de ses proches -dont certains ont préféré quitter le mouvement- le député des Bouches-du-Rhône n’est plus à la tête que d’une France insoumise créditée d’à peine 8,5 % des voix pour les européennes du 26 mai. Même la révolte « populaire » des Gilets jaunes ne lui a été en rien profitable.
«La gauche, ça n’est pas le populisme»:
Bien que mal en point elles aussi, les autres forces de gauche n’ont pas -encore- daigné répondre à l’offre du leader des Insoumis. À l’exception du PS… qui l’a refusée. « C’est un aveu d’échec pour Jean-Luc Mélenchon, il a longtemps refusé jusqu’à l’idée même de rassembler la gauche, parce qu’il considérait qu’il n’était pas de la gauche mais du peuple », a rétorqué le premier secrétaire, Olivier Faure. Et d’ironiser : « Rassembler la gauche, c’est ce pour quoi je me bats, moi aussi, depuis des mois. Mais la gauche, ça n’est pas le populisme, ça ne le sera jamais. Jamais. » Le député socialiste de Seine-et-Marne enfonce le clou : « C’est, comme toujours, je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi. C’est comme ça qu’on n’y arrive jamais. »
Il est vrai que les conditions préalables posées par Mélenchon peuvent faire douter ses partenaires potentiels. « Tout le monde doit se mettre au service de la fédération du peuple, exige le chef des Insoumis. Il faut clarifier les positions. Soutient-on ou non le mouvement des Gilets jaunes ? Le PS se sépare-t-il du SPD qui participe à une coalition avec Merkel ? »
«Divergences de fond»:
Quant aux programmes, ils sont loin, eux aussi, d’être « communs ». Notamment sur l’Europe, même si Manon Aubry, la tête de liste de LFI, ne prône plus comme plan B la sortie de l’Union, mais « seulement » la « désobéissance » aux règles de Bruxelles. Raphaël Glucksmann, son homologue pour Place publique/Parti socialiste, comparait, mardi dans nos colonnes, Jean-Luc Mélenchon à un « Thatcher de gauche » et a lui aussi repoussé cette offre : « Il y a des divergences de fond avec France Insoumise. »
Divergences qui interdisent des mouvements pro-européens comme les Verts ou Génération. s de répondre présents à l’invitation « intéressée » de Jean-Luc Mélenchon. Tout comme le Parti communiste, qui après s’être effacé au profit du leader des Insoumis lors de la dernière présidentielle, tente avec son nouveau chef, Fabien Roussel, de reconquérir une identité perdue…
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