https://www.theguardian.com/world/2022/ ... in-ukraine
5 minutes de lecture, ce n'est rien comparé aux 10 minutes d'attente pour faire le plein de diésel dans la station service la moins chère de son agglo.
De plus ces 5 minutes rendront plus avertis les courageux apprentis de la "chose poutinienne", alors qu'honnêtement faire la queue avec son tacot cela n'apporte rien à la qualité de son sens critique, sa culture et donc sa capacité à choisir entre le bien et le mal, la vérité dure et l'enfumage complaisant.
J'ai donc choisi sur le site documente
Desk Russie un extrait tiré d'un article de
Philippe de Lara,maître de conférences en science politique à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Il enseigne la philosophie politique, la théorie politique et la philosophie du droit.
Un extrait car l'article complet nécessite 12 minutes de lecture, un calvaire pour un Russe zombifié mais ce qui est à peine plus que la cuisson d'un oeuf dur
Vous trouverez l'article complet ici
https://desk-russie.eu/2022/12/19/le-po ... ution.html
Le poutinisme, une révolution culturelle Extrait
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N’est-ce pas trop dire que de parler de totalitarisme à propos d’un régime sans idéologie véritable, tourné vers le passé — russe et soviétique — et nullement vers quelque avenir radieux ? Le concept de totalitarisme revient pourtant de plus en plus souvent dans le débat public et les auteurs du Livre noir fournissent toutes les données permettant de juger du caractère totalitaire du régime de Poutine.
Le trait totalitaire le plus évident du poutinisme est le contrôle du passé. Historien en chef orwellien, Poutine affirme que « la principale ressource de la puissance et de l’avenir de la Russie réside dans notre mémoire historique » (cité par Stéphane Courtois, p. 327). Il a amplifié la mythologie soviétique de la Grande Guerre patriotique en y ajoutant mensonges sur mensonges, des conquêtes de Pierre le Grand au « génocide » des Russes en Ukraine, en passant par l’alliance avec l’Allemagne nazie de 1939 à juin 1941 — niée ou minimisée à l’époque soviétique, elle est désormais revendiquée sans réserve. Cette nouvelle mythologie est plus qu’une simple propagande, elle fait littéralement sortir les Russes du monde réel et les enferme dans un monde parallèle, où ils vivent soumis et prostrés. Le mensonge n’a plus de limite quand Poutine et Lavrov disent sans ciller qu’il n’y a pas de guerre en Ukraine puisque les troupes russes y sont « pour aider les gens ».
La militarisation des consciences dès l’école maternelle4 s’inscrit dans « une propagande maléfique qui a systématiquement formé les Russes au crime » (Françoise Thom). Les outrances de Jirinovski hier et celles des talk-show télévisuels sur « l’opération militaire spéciale » aujourd’hui ont servi non seulement à justifier les guerres, mais aussi à accoutumer les Russes à la violence et à l’immoralité, et aussi — ce n’est pas le moins important —, au langage et aux normes de comportement de la pègre. Dès les années Eltsine, l’outrance, le goût du paranormal et le sensationnel acclimataient « la passion de la surenchère, l’ivresse de faire tomber tous les interdits, y compris ceux de la morale commune ». Vladimir Jirinovski fut l’inventeur de la révolution culturelle poutinienne, le précurseur des Kisselev, Soloviov et autres Simonian : « comme il assumait allègrement son rôle de bouffon, le spectateur baissa la garde, se croyant dans un univers de fiction où rien ne tirait à conséquence, où l’on pouvait dire n’importe quoi […] D’emblée, il joua le rôle d’un brise-glace, introduisant par la bande, sous une forme clownesque, des idées caressées dans les cercles du KGB dont il émanait » (Françoise Thom, p. 95-97) Ce conditionnement a instauré de nouveaux critères éthiques en vertu desquels le pillage des foyers ukrainiens, le viol, la torture et le meurtre deviennent acceptables5. Cette barbarisation de la population est comparable au dressage d’une partie importante des Allemands par le régime nazi, qui permit à des « hommes ordinaires » de commettre des crimes sans nom ou d’y consentir sans états d’âme. Grâce à la révolution culturelle de Poutine, le pays est passé d’une société contrôlée par le KGB et les mafias, à la fin de l’époque soviétique, à une Mafia-État qui a remodelé à son image tous les organes du pouvoir ainsi que les mœurs.
La diabolisation de l’adversaire et la victimisation panique (« l’Occident veut nous détruire ») sont également des traits typiques des régimes totalitaires, de même que la surenchère permanente, jusqu’à l’autodestruction. En Russie, la violence désinhibée, l’expansion territoriale au mépris du droit, le racket planétaire et le chantage nucléaire incontinent ont chauffé à blanc le pays jusqu’au déclenchement de cette guerre d’anéantissement ratée, dont on voit mal comment le régime pourrait y survivre. La grande écrivaine Lioudmila Oulitskaïa — l’une des rares personnalités russes à avoir condamné l’annexion de la Crimée — eut ce propos visionnaire en 2014 : « La politique aujourd’hui en Russie est suicidaire. Elle représente un danger en premier lieu pour la Russie mais elle peut provoquer également une nouvelle guerre, la troisième guerre mondiale » (cité par Antoine Arjakovski, p. 376).