"Marine Le Pen projette déjà Jordan Bardella à Matignon
Trois ans et demi avant l’élection présidentielle, la candidate du Rassemblement national annonce déjà aux Français celui qu’elle nommerait à Matignon en cas de victoire. Une étonnante précipitation qui consacre la montée en puissance de son successeur à la tête du parti d’extrême-droite.
Lors de sa rencontre informelle avec les journalistes, en marge des universités de rentrée du Rassemblement national le 16 septembre, Jordan Bardella a vu débarquer une invitée surprise: Marine Le Pen. "Je ne t’avais pas prévenu", s’amuse-t-elle. En retrait, elle l’observe répondre aux questions sur la composition de la liste RN aux européennes, tire sur sa vapoteuse, pointe que "les noms qui sortent dans la presse ne sont souvent pas ceux retenus".
Puis, elle reprend la main et dévoile les contours de sa proposition phare de "Déclaration des droits des peuples et des nations". L’apport d’un tel texte par rapport à la charte des Nations unies de 1945, qui consacre déjà le "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes" et la souveraineté des Etats est flou. Certains des juristes les plus affûtés du RN, tels l’eurodéputé Gilles Lebreton, ancien professeur de droit public international, ou Hervé Fabre-Aubrespy, conseiller régional en Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseiller d’Etat, n’ont d’ailleurs pas été associés à la démarche.
Accélération
Qu’importe: Marine Le Pen montre qu’elle, et elle seule, porte les annonces les plus importantes du parti d’extrême-droite. Qu’elle seule demeure la maîtresse du tempo au sein de son camp. "Je suis candidate à l’élection présidentielle, rappelle-t-elle.
Je le suis jusqu’à décision contraire d ... ce sera."
De fait, en quatre ans, Jordan Bardella a connu une ascension éclair dans les sondages. Avec 30% des sondés qui lui font confiance pour faire des propositions "qui vont dans le bon sens", selon Harris Interactive, il se rapproche de Marine Le Pen (35%). "Il est très installé dans le paysage politique et dépasse largement les autres chefs de parti, confirme Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d’Harris Interactive. Son score le situe plutôt au niveau des présidentiables. Ce qui est loin d’être anodin." Selon un sondage confidentiel révélé au printemps par Le Figaro Magazine, le jeune président du RN décrocherait même 23% des voix au premier tour de la présidentielle. Soit un pourcentage de sept points inférieurs à celui Marine Le Pen (30 %), mais suffisant pour accéder au second tour.
Au printemps , l’Ifop a même réalisé une enquête sur le match Bardella-Le Pen où les sondés étaient amenés à se prononcer sur leur personnalité préférée. Résultat, l’eurodéputé obtient des scores bien plus élevés que la députée d’Hénin-Beaumont chez les jeunes, les classes aisées, les dirigeants d’entreprise ou les habitants d’Île-de-France. Tandis que celle-ci le surpasse largement chez les classes populaires, les peu diplômés, les 35-64 ans et les habitants de la province. "Tant que ces écarts ne créent pas de dissension entre eux sur la stratégie à suivre, cela constitue une force en élargissant l’électorat potentiel du RN", relève Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop.
Partage des rôles
Déjà, le duo se partage les rôles. Au premier, les punchlines contre le gouvernement et les discours radicaux sur le grand remplacement. A la seconde, la stature présidentielle et les grandes annonces sur le fond du projet.
Un numéro bien rôdé qui connaît tout de même quelques couacs. En février dernier, l’interview de Jordan Bardella reconnaissant dans L'Opinion une "naïveté collective" vis-à-vis de Vladimir Poutine avait immédiatement été suivie d’un communiqué de Marine Le Pen aux allures de recadrage.
Durant la bataille des retraites, l’eurodéputé s’était dit favorable à la suppression des régimes spéciaux de retraite pour les nouveaux embauchés, avant que la députée du RN fasse de leur maintien l’un des principes de sa contre-réforme. Nombre d’élus RN ont aussi tiqué sur le fait que le film de 25 minutes réalisé pour l’anniversaire de l’élection de 89 députés RN ne laisse que 24 secondes d’expression à Jordan Bardella à… la 23ème minute.
Aiguillons macronistes
Détail piquant: depuis quelques semaines, le camp macroniste multiplie les fuites pour exacerber la concurrence entre les deux têtes du RN. Début septembre, au lendemain de l’entretien marathon d’Emmanuel Macron avec les chefs de partis, l’Elysée a laissé dire que c’était Jordan Bardella qui avait le mieux compris l’exercice. Et que le président avait été "impressionné" par son sérieux.
Certains élus de la majorité en rajoutent. Ils soufflent en "off" à quel point l’eurodéputé leur paraît un adversaire redoutable. "Il a beaucoup, beaucoup progressé. Si le RN avait du bon sens, il serait propulsé pour la prochaine présidentielle, confie un macroniste de la première heure. Et là, les choses deviendraient vraiment compliquées pour nous." En oubliant que l’histoire des numéros 2 du RN -de Mégret à Philippot en passant par Gollnisch- s’est toujours mal finie."
https://www.challenges.fr/politique/mar ... non_867665
L'accession à l’Élysée pour le RN et c'est la clé du pouvoir pour le clan Le Pen. Le RN montre peu à peu son vrai visage, en montrant son europhobie avec Marine Le Pen invitée par Matteo Salvini (et clamant ainsi de manière couverte, son europhobie). De plus, on se rend compte que de nombreux points de divergences existent entre la matrone et son poulain (voir souligné). Marine Le Pen se donne le beau rôle, construit son projet des nations sans se concerter avec les jurés expérimentés de son parti, dicte les paroles de J. Bardella (il n'a qu'une liberté de paroles de façade).
je pense que le RN, emporté par des sondages favorables, se dévoile trop vite, pour mon plus grand bonheur. Quand les français verront vraiment en qui ils ont affaire, changeront peut-être d'avis."
"Marine Le Pen marque sa différence avec l'exécutif italien sur l'immigration
"À l'occasion des journées de rentrée de son parti, à Beaucaire, Marine Le Pen a marqué samedi sa différence avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Le RN qui craint l'abstention espère mobiliser autour de l'immigration lors des prochaines élections européennes.
Après cette rentrée militante à Beaucaire, Marine Le Pen était ce dimanche au nord de la péninsule italienne pour retrouver le représentant de la Ligue et nationaliste notoire, Matteo Salvini. Le vice-président du Conseil italien, qui y tient son rendez-vous politique annuel, appartient à la coalition de droite au pouvoir dirigée par Giorgia Meloni, la cheffe du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia.
Alliée de circonstance devenue encombrante
Cette alliée de circonstance - son élection en septembre 2022 avait été saluée par le RN - est devenue encombrante en raison de ses appels répétés à la solidarité européenne face aux vagues de migrants. Une forme de renoncement, voire d'abdication, pour le RN qui a fait de ces événements récents le symptôme de la crise migratoire en même temps qu'un argument de campagne éprouvé.
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« Avec Emmanuel Macron, l'Europe est devenue une hôtesse d'accueil pour migrants. Avec nous, elle raccompagnera les bateaux dans les pays de départ », a clamé Jordan Bardella devant un public conquis d'élus et de militants réunis dans les arènes de Beaucaire, ce samedi.
« Si j'étais italien, je serais peut-être déçu »
Marine Le Pen, elle-même, a appuyé cette déclaration avec virulence sur scène, en une référence à peine voilée aux déclarations de Giorgia Meloni. « Et j'irai même plus loin, il est vain d'en appeler à l'Union européenne pour résoudre la crise diplomatique comme un enfant appelle maman quand il a un problème. C'est vain et même dangereux », a-t-elle moqué. Ce dimanche, la présidente du Conseil italienne qui recevait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Lampedusa, déclarait : « L'avenir de l'Europe se joue ici. »
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Le RN veut engranger sur sa première année à l'Assemblée nationale
Le spectre de l'abstention record lors des élections régionales de 2021 agite les rangs du RN. Le Rassemblement national n'avait obtenu aucune région. Pour « mobiliser » aux élections européennes, le parti parie plus que jamais sur ses fondamentaux, immigration en tête. L'occasion de dénoncer une certaine mollesse de la part de Giorgia Meloni, loin des promesses d'estrade de sa campagne. « Notre allié, c'est Salvini, pas Meloni », ont rappelé les dirigeants du RN, vendredi à Avignon, dans le huis clos d'une réunion des groupes parlementaires en bordure du Palais des Papes."
https://www.lesechos.fr/politique-socie ... on-1978913
"La valeur ne dépend pas de la religion, mais de l'amour qui nous fait considérer l'autre comme un frère ou une sœur"
Sœur Emmanuelle
"Notre vraie nationalité est l'Humanité" Herbert Georges Wells