da capo a écrit : ↑26 février 2024 00:17
En prenant un peu de recul, je perçois moins les choses comme un conflit de territoire, mais davantage comme un conflit opposant des valeurs incompatibles.
Je mets d'un côté la philosophie des fondateurs, celle des socialistes russes immigrés en 1881 (suite à l'attentat contre le Tsar Alexandre II), eux-mêmes inspirés par les Lumières, une philosophie de la Raison et des possibles.
Et de l'autre, un clanisme héréditaire de type monarchique, dont les pouvoirs civils et religieux sont de type autoritaire, une philosophie du fatalisme et de la soumission dont l'émergence du fondamentalisme aggrave les effets depuis les années 90.
On peut effectivement voir les choses sous cet angle mais jusqu'à un certain point.
Aujourd'hui, en Israël la période un peu mythifiée des premiers pionniers héroïques est terminée depuis longtemps et le gouvernement de Netanyaou n'a plus grand chose à voir avec "la Raison et les Lumières". Bien au contraire : il marche à l'ombre depuis longtemps. Le système démocratique israélien lui-même paraît menacé par les dernières tentatives totalitaires de ce gouvernement.
En face, du côté de "l' ennemi arabe", même si votre analyse paraît juste sur certains points, il faut quand même prendre en compte que des pays de la région comme le Qatar, les Emirats-Arabes Unis et l'Arabie Saoudite se sont modernisés, mondialisés et n'ont plus grand chose à voir avec ce qu'ils étaient dans les années 50 . Même si leurs régimes sont toujours archaïques, les rôles politiques, diplomatiques, économiques et stratégiques que ces pays peuvent jouer au niveau mondial est de plus en plus important.
Tout cela étant dit et bien posé, il n'en reste pas moins que les questions territoriales ont toujours été -et sont toujours- au cœur même du conflit israélo-palestinien.
Le déséquilibre actuel n'est pas vivable ni acceptable pour les Palestiniens et la politique sioniste d'Israël, depuis ses origines, consiste tout simplement à "transférer" hors du pays le maximum de Palestiniens, de gré ou de force.
Le sionisme a toujours considéré que l'existence d' Israël était tout simplement incompatible avec quelque présence arabe que ce soit dans ce qu'elle estimait être son territoire messianique. Un caractère messianique au cœur même du projet sioniste, n'ayant - soit dit au passage- que peu de choses à voir avec "la Raison et les Lumières" que vous attribuez plus haut aux fondateurs d'Israël.
Oui mais, ce projet sioniste de "transférer" (terme très pudique que l'on pourrait plutôt traduire en "déporter") n'a jamais marché et ne marchera jamais : il restera toujours suffisamment de Palestiniens en Israël pour être leur mauvaise conscience et une menace constante pour sa sécurité.
Et, pour les Palestiniens, il restera toujours beaucoup trop d'Israéliens qui représenteront pour eux aussi une menace pour leur sécurité doublée d'un sentiment historique de dépossessions, d'humiliations et de multiples injustices ne pouvant qu'entretenir une haine ancestrale se transmettant de générations en générations.
Comment dénouer ce fichu sac de nœuds rempli de vipères vénéneuses de toutes sortes ? Je ne vois pas de solution crédible pour le moment tant chacun des deux camps paraît enraciné dans ses tranchées et ses souffrances respectives.
Pourtant, l'un des deux est manifestement dans une position de supériorité et ce serait à lui à donner l'exemple.
Imaginons donc qu' Israël parvienne à trouver un interlocuteur palestinien crédible et dise aux Palestiniens : " il faut en finir, donc retour aux frontières de 67, d'accord et ça va nous coûter d' expulser les colons de Cisjordanie mais on s'engage à le faire. On vous rend la Cisjordanie et Gaza à condition que vous contribuiez vous-même à vous "déshamassifier" définitivement et à élire démocratiquement de nouveaux leaders crédibles et acceptables par la communauté internationale. On signe une paix pour 100 ans et on se promet de ne plus s'attaquer. Top là ? "
Qui pourrait contester un tel deal ? A priori, tout le monde devrait être d' accord pour un plan "gagnant/gagnant".
Ben non. Il restera encore suffisamment d'extrémistes des deux côtés pour le faire capoter. Avec retour à la case départ.