Cet entêtement pose question. Les sondages la donnent largement derrière son rival pour la primaire de Caroline du Sud de ce samedi 24 février. L’ex-gouverneure de l’État entre 2011 et 2017 comptait s’appuyer sur son bilan pour faire la différence, mais elle reste plus de 30 points derrière le milliardaire. Elle récolte seulement 35 % des intentions de vote contre 63 % pour son adversaire, selon un sondage mené du 15 au 18 février et publié par USA Today.
Cette dynamique reflète les précédentes primaires. Alors qu’elle avait le vent en poupe en tout début d’année, les résultats dans l’Iowa et le New Hampshire n’ont pas été aussi bons qu’attendus et elle s’est placée derrière l’ex-président qui rêve de revenir à la Maison Blanche. Encore plus embarrassant : elle a participé début février à la primaire du Nevada où Trump était absent (il se présentait au caucus organisé en parallèle, en raison d’une anomalie électorale) et est arrivée... derrière la mention « aucun de ces candidats ».
Malgré ces flops et même si la Caroline du Sud risque de l’assommer un peu plus, Nikki Haley ne compte pas s’arrêter. La candidate, qui se place en républicaine modérée face à l’exubérant Donald Trump, affirme vouloir continuer au moins jusqu’au Super Tuesday du 5 mars, date à laquelle le plus d’États vont voter simultanément aux primaires.
Les problèmes judiciaires de Donald Trump
« Dix jours après la Caroline du Sud, 20 autres États vont voter. On n’est pas en Russie ! Nous ne voulons pas que quelqu’un soit là et récolte 99 % des voix. Pourquoi tant d’impatience ? Pourquoi tout le monde est paniqué de me voir en dehors de la course ? », a-t-elle justifié auprès de l’agence Associated Press.
En fait, il existe plusieurs raisons à la pugnacité de Nikki Haley. D’abord, elle espère être une roue de secours en cas de condamnation de Donald Trump, poursuivi dans plusieurs affaires. Des recours sont actuellement étudiés pour décider s’il peut ou non se présenter. Même s’il n’est pas empêché, une lourde condamnation pourrait faire changer l’avis de certains électeurs qui pourraient se rabattre sur Nikki Haley. C’est ce qu’espère cette dernière, qui ne cesse d’insister sur le fait que Donald Trump passe plus de temps au tribunal pour se défendre que sur le terrain pour faire campagne.
Les problèmes judiciaires du magnat de l’immobilier ne sont pas la seule raison de son acharnement. Un point essentiel pour faire campagne, surtout aux États-Unis, est d’avoir beaucoup d’argent. Et elle en a, puisqu’elle est entourée de toute une batterie de donateurs prêts à la soutenir, dont le célèbre milliardaire Charles Koch. Reste à savoir pour combien de temps, au vu de ses résultats électoraux.
Nikki Haley pense au futur
Il existe au moins deux autres explications, dont l’une est son âge. À 52 ans, elle a encore toute sa carrière politique devant elle et bien d’autres chances pour se présenter à la présidentielle, en 2028 ou plus tard. Même si elle se déclare à nouveau candidate en 2040, elle sera toujours plus jeune que Donald Trump lorsqu’il a été élu pour la première fois en 2016, à 70 ans, comme le souligne Politico. 2024 lui servirait surtout à imprimer sa marque, le plus longtemps possible.
Enfin, si Donald Trump est choisi pour être le candidat républicain, peut-être Nikki Haley compte-t-elle sur une défaite de ce dernier en novembre pour dire à ses électeurs : « Je vous l’avais bien dit ». Même si elle répète que son principal adversaire est Joe Biden, qui sera sauf surprise candidat démocrate, cette revanche la placerait dans une excellente dynamique pour remodeler le parti républicain actuellement sous la coupe de Donald Trump.
Nikki Haley et son équipe de campagne refusent à ce stade de dévoiler leur stratégie après le Super Tuesday. Il faut dire que selon les calculs, Donald Trump devrait sécuriser sa nomination d’ici la mi-mars, en remportant suffisamment d’États et donc de délégués qui voteront en sa faveur à la convention du parti cet été. Il sera alors impossible pour l’ex-ambassadrice à l’ONU de continuer à défendre sa candidature. Peut-être envisagera-t-elle de se présenter en indépendante, avec l’initiative No Labels qui cherche une alternative au duel Trump-Biden ? Elle refuse à ce stade de répondre.