Corvo a écrit : ↑31 mai 2024 06:46
Pas grave ses électeurs s'en foutent.
Le RN a-t-il déjà défendu un Frexit et la sortie de l'euro ?
- Dans cette campagne pour les élections européennes, le Rassemblement national se voit régulièrement sommé de s'expliquer sur ses changements de cap s'agissant de l'UE et de l'euro.
- C'est notamment le cas sur le Frexit et le retour au franc, deux propositions qui ont bien été défendues par le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen dans le passé.
Le Rassemblement national souhaite-t-il mettre en place un Frexit déguisé ? C'est ce dont est accusé le parti de Jordan Bardella, tête de liste du RN aux élections européennes, notamment à cause de son souhait d'établir une "double frontière", de sortir des règles du marché de l’électricité ou de reconnaître la primauté du droit français sur le droit européen. Une accusation alimentée par de supposées anciennes positions du parti, à savoir la volonté de quitter l'Union européenne et de se débarrasser de l'euro.
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Pourquoi est-ce que vous étiez pour la sortie de l'euro et maintenant vous êtes soi-disant pour rester dans l'euro ? Vous étiez pour la sortie de l'Union européenne et maintenant vous êtes soi-disant pour rester dans l'Union européenne. Vous étiez pour le Frexit et maintenant soi-disant vous êtes soi-disant pour rester dans l'Europe", a ainsi asséné le Premier ministre Gabriel Attal à Jordan Bardella il y a quelques jours lors d'un débat sur France 2.
"La question qui se pose c'est quand est-ce que vous mentiez ? À l'époque ou aujourd'hui ?"
Pour répondre à la question, remontons dans les archives des programmes du Rassemblement national aux dernières élections, les présidentielles de 2017 et 2022 et les européennes de 2019. Et commençons la première, quand le RN était censé vouloir sortir de l'euro et de l'UE, dans la foulée du Brexit.
En 2017, sortie de l'euro et de l'UE au programme
La première mesure du programme de Marine Le Pen en 2017 voulait "rendre à la France sa souveraineté nationale" pour "une Europe des nations indépendantes". Pour cela, elle annonçait une négociation "avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne". L'actuelle députée du Nord était donc prête à soumettre au vote des Français une sortie de l'UE, ce qui voulait bien dire qu'elle était prête à appliquer cette idée.
À l'époque, elle se prononçait également pour une sortie de l'espace Schengen et défendait "le rétablissement d’une monnaie nationale adaptée à notre économie, levier de notre compétitivité", soit une sortie de l'euro. "Il faut retrouver notre monnaie nationale, c'est essentiel", soulignait-elle lors du débat d'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron, en ayant beaucoup de mal à préciser ce qu'elle entendait par là. En difficulté, elle expliquait vouloir garder l'euro comme "monnaie commune" pour "les banques centrales" ou "les grandes entreprises", mais retourner au franc pour les petites entreprises et les particuliers.
Un changement de braquet en 2019
Après sa défaite, le parti s'était peu à peu éloigné de cette proposition, perçue comme trop anxiogène et brutale pour les Français, tout comme celle d'organiser un référendum sur la sortie de l'Union européenne. Deux ans plus tard, on n'en trouve d'ailleurs plus trace dans son programme aux élections européennes de 2019. "Incontestablement, l'euro est un boulet pour la France" mais en sortir n'est "plus une priorité", déclarait Marine Le Pen au début de l'année 2019. "Si on change la gouvernance" monétaire et "qu'on voit que c'est suffisant pour permettre à l'économie française de remonter les handicaps qui ont été créés par la monnaie, on gardera la monnaie", répondait-elle en conférence de presse. "On est pragmatiques, on n'est pas idéologues."
Le RN avait alors publié un manifeste pour "l’Alliance européenne des nations", qui ne plaidait plus pour une sortie de l'Union européenne mais pour une réforme des institutions de l'intérieur afin d'aboutir à une "Europe des nations et des protections, respectueuse des souverainetés et des singularités nationales". Une évolution qui devait passer par la suppression de la Commission européenne ou de la Cour de justice européenne, garante du respect des traités. Le parti se disait toutefois contre une Europe fédérale, préférant parler de retour à la "souveraineté des États".
Le RN gêné pour s'expliquer
En 2022, le programme de Marine Le Pen n'évoquait plus la sortie de l'euro ou de l'UE, mais ne faisait de toute façon guère mention de l'Europe, si ce n'est pour réclamer une sortie du marché européen de l'électricité. Sujet sur lequel le RN a, là aussi, changé d'avis, en parlant d'en "changer les règles".
Aujourd'hui régulièrement interrogés sur ces changements de cap radicaux dans le cadre de la campagne pour les élections européennes du 9 juin, les représentants et candidats du Rassemblement national bottent en touche. Face à Gabriel Attal, Jordan Bardella n'a apporté aucune réponse précise, se contentant de glisser, sans grande conviction, un rapide "ce n'est pas vrai" au moment où le Premier ministre accusait son camp d'avoir changé d'avis sur tout.
Ce jeudi matin sur franceinfo, Marine Le Pen n'a quant à elle jamais répondu directement à la question de la journaliste qui lui demandait de confirmer qu'elle souhaitait bien un Frexit en 2017.
https://www.tf1info.fr/elections/europe ... 01750.html