Fin d’une ère pour le macronisme. A l’issue du deuxième tour des élections législatives anticipées, le camp présidentiel n’a glané que 163 sièges de députés. Et pour la première fois depuis son arrivée à l’Elysée, en 2017, le chef de l’Etat ne dispose plus de la majorité au palais Bourdon. « Nous avons tenu et nous sommes debout avec trois fois plus de députés que ce que donnaient certaines estimations au début de cette campagne », a néanmoins salué le Premier ministre qui a évité aux macronistes, en seulement trois semaines, de connaître une cinglante débâcle.
L’amertume passée après la dissolution, sur laquelle il n’a pas été consulté, Gabriel Attal avait repris la main sur la campagne de son camp. « Quand on a commencé la campagne, on sortait tout juste de la défaite aux élections européennes. Un Français sur deux avait voté pour les extrêmes, d’un côté comme de l’autre. On nous donnait dans les sondages une cinquantaine de députés », rappelle à 20 Minutes la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot.
« L’homme fort du bloc central »
« N’importe qui à sa place aurait pu arrêter et démissionner. Gabriel s’est retroussé les manches, a pris son bâton de pèlerin et est allé mener campagne pendant trois semaines. J’en connais peu qui aurait fait la même chose. Il avait tous les coups à prendre », poursuit Prisca Thevenot qui a été réélue députée de la 8e circonscription des Hauts-de-Seine.
Pour celle qui se définit comme « attaliste », « il est l’homme fort du bloc central aujourd’hui, indéniablement ». « C’est quelqu’un avec qui il va falloir compter, et dont nous avons besoin dans les semaines et les mois à venir. »
« Gabriel Attal sort grandi de la bataille qu’il a menée pour Renaissance », estime Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication et professeur de communication à Sciences-Po. « Il a fait le bon choix, celui du front républicain, celui de l’Histoire. Il a permis à Renaissance d’avoir un score qui dépasse les attentes et d’en sortir par le haut. Il a permis à son camp de sauver les meubles et de ne pas être exclu du jeu politique, ce qui est important dans la perspective des cohalitions et de la recomposition politique qui a lieu », observe-t-il.
« Le même rôle que Jacques Chirac en 2002 »
En désaccord avec la décision présidentielle de dissoudre l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a pris ses distances, dimanche soir, avec le chef de l’Etat. « Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie, mais j’ai refusé de la subir », a expliqué le chef du gouvernement
Pour Philippe Moreau-Chevrolet, Gabriel Attal « a remplacé le président dans son rôle de rassemblement, dans son appel à la conscience politique du pays ». « Il a joué le même rôle que Jacques Chirac en 2002. Ce n’est pas le rôle d’un Premier ministre, mais il a rempli un espace laissé vide par l’Elysée, sans ambiguïté et avec beaucoup de courage », remarque l’expert en communication.
« Il s’en sort plutôt bien alors même que le camp présidentiel est plutôt désavoué. Il a montré une forme d’autonomisation avec son discours de dimanche et semble pouvoir incarner une solution temporaire dans une France en crise gouvernementale », analyse pour 20 Minutes François Kraus, directeur du pôle Actualités/Politique à l’IFOP. Selon cet institut de sondage, 41 % des Français se sont déclarés, en juin, satisfaits de Gabriel Attal en tant que chef du gouvernement. Par comparaison, seules 26 % des personnes interrogées étaient, le mois dernier, satisfaites d’Emmanuel Macron comme président."
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