De l’art de ne pas gouverner tout en disant le contraire, par Tania de Montaigne

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Corvo
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De l’art de ne pas gouverner tout en disant le contraire, par Tania de Montaigne

Message par Corvo »

C'est ben vrai ça !

Chacun vise le trône pour présider tout seul, mais certainement pas gouverner. Comme si le réel ne devait pas faire obstacle à l’image de surpuissance que chacun veut se donner.

A l’heure où j’écris ces lignes, le ministre de l’Intérieur (qui sera peut-être à l’extérieur dans très peu de temps) a expliqué sur tous les tons qu’il est bien embêté par l’Etat de droit, par la Constitution, la justice, les affaires étrangères, l’Europe, le Maghreb, l’Afrique en général, bref, toutes ces notions un peu pénibles qui l’empêchent de faire les choses merveilleuses qu’il a prévues pour redonner à la France son vrai visage blond (châtain clair à la rigueur) et catholique (protestant à la rigueur), dégagé des impuretés en tout genre qui la défigure. En résumé, le ministre de l’Intérieur nous dit que s’il n’était pas lui, si nous n’étions pas nous, si la France n’était pas la France, le monde pas le monde et 2024 pas au XXIe siècle, bah ! il ferait des sacrés trucs !

Immobilisme érigé en principe d’action
Un peu comme ces personnes qui disent aux autres : «Retenez-moi, ou je fais un malheur !» alors qu’elles n’ont aucune intention de bouger. Depuis cet été, il est fascinant de constater à quel point l’ensemble de la classe politique française est gagné par ce nouveau concept : l’urgence extrême de ne rien faire, tout en disant le contraire. L’immobilisme érigé en principe d’action.

Le mot d’ordre : dire toutes les choses que vous souhaiteriez faire en précisant immédiatement que, parce que le réel est réel, vous êtes injustement empêché. Philosophie insensée qui explique sûrement pourquoi nous, citoyens, avons l’impression depuis quelques mois (années ?) de marcher dans un hôpital psychiatrique dont le personnel soignant aurait déserté les lieux.

Ainsi, après l’épisode : «Je dissous l’Assemblée nationale parce que je ne suis pas content des résultats des élections européennes qui auraient dû être exactement tels que je me les imaginais, car les gens doivent voter comme je pense», nous sommes passés à ce moment assez étonnant où l’ensemble des femmes et hommes politiques de ce pays n’ont cessé de nous signifier, à longueur d’interviews, de tweets, de vidéos, que nous, peuple français n’étions pas du tout intéressants. Mais vraiment pas.

Cherchant tous les moyens de ne surtout pas gouverner, tout en nous disant le contraire. Se sont-ils seulement rendu compte que ça n’était pas discret ? Pas sûr, tant la toute-puissance qui les habite semble rendre abstrait tout ce qui n’est pas eux.

La danse perverse de LFI et du PS
Faisons un petit saut en arrière de quelques mois : entre les deux tours des législatives, Marine Le Pen a précisé d’emblée que le Rassemblement national ne gouvernerait qu’à condition d’avoir la majorité absolue, sachant très bien qu’il ne l’aurait pas. Intéressante manœuvre qui disait donc : «Moi, gouverner, je trouve ça chiant, ce que je veux, c’est être la reine et trôner à l’Elysée.» Puis ce fut au tour de LFI et du PS d’entamer une danse perverse, qui, en façade, prétendait affirmer haut et fort que tout était mis en place pour gouverner, tout en créant les conditions pour que ça n’arrive pas.

Le sous-texte étant : «De toute façon, je m’en fous, parce que moi, ce que je veux, c’est être le roi.» Le tout en jetant, à intervalles réguliers, des noms exclusivement féminins (dans un souci féministe, bien sûr) sur la place publique et en attendant de voir combien de temps il faudrait à ces femmes pour se noyer. Avec le moment le plus cynique de la séquence, celui où Jean-Luc Mélenchon propose, grand seigneur, que LFI ne gouverne pas, alors qu’au fond il n’en a jamais été question.

Ainsi, personne ne souhaite gouverner puisque tout le monde veut présider. Ce que chacun vise, c’est le trône de fer, un lieu en surplomb qui permettra de se revendiquer du peuple, tout en en étant le plus éloigné possible. Une démocratie dans laquelle le peuple serait absent, une démocratie sans «démo», une «cratie» quoi. Que le réel ne fasse surtout pas obstacle à l’image de surpuissance que chacun veut se donner.

S’affranchir du réel pour donner enfin libre cours à son désir d’être Dieu. Après Jupiter, l’Elysée se serait-il définitivement transformé en Olympe ? Le dictionnaire nous rappelle que «gouverner», dans une définition tombée en désuétude, signifiait aussi «prendre soin de quelque chose afin qu’il ne périsse pas», quand présider consiste à «occuper la première place». Alors, qui cela intéresse-t-il de prendre soin ?

https://www.liberation.fr/idees-et-deba ... A5QD3XX4Y/
Once
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Re: De l’art de ne pas gouverner tout en disant le contraire, par Tania de Montaigne

Message par Once »

Pas mal cet article. :super:
papibilou
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Re: De l’art de ne pas gouverner tout en disant le contraire, par Tania de Montaigne

Message par papibilou »

S'il était simple de gouverner 68 millions de sujets ...de mécontentements !
Les meilleures intentions du monde se fracassent sur la dure réalité qui se traduit quand quelqu'un dit blanc à faire naître immédiatement une opposition, noire me direz vous, mais ce n'est pas si simple.
En effet on pourrait penser que celui qui a propose blanc accepterait un compromis, écru, voire gris clair. Mais c'est sans compter sur les égos de chacun qui voulant montrer son individualité est capable de s'opposer bec et ongles au blanc quitte à s'allier, lui gris clair, avec le noir qu'il déteste et qu'il trahira tout aussi immédiatement.
La France a réussi l'exploit grâce aux soins attentifs de nos dirigeants ( Macron bien sûr mais ses prédécesseurs aussi) à parvenir à un état des finances publiques dont seuls ceux qui y ont bien contribué disent qu'il n'est pas catastrophique.
On pourrait se dire on va augmenter quelques impôts et baisser quelques dépenses. Mais si vous voulez augmenter les impôts, un Darmanin, pourtant ancien ministre du budget déclare qu'il s'y opposera, mais il se garde bien de proposer des solutions.
On propose un gel de l'augmentation des retraites mais c'est une MLP qui s'y oppose ( elle n'a pas de solutions mais quand même elle a des principes).
On propose de baisser les dépenses en particulier des collectivités locales. Mais nouvel hurlement: on n'a déjà pas assez dans nos communes nos départements nos régions!

Il y aurait bien une expression qui devrait venir à l'esprit de tous ces cerveaux: il faut faire quelque chose et si chacun dit ok mais pas moi on n'y arrivera jamais.

Petite annonce: 68 millions de français cherchent homme d'état, faire acte de candidature
PS: tous ceux qui sont depuis longtemps dans la vie politique sont interdits de candidature.
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