Patchouli38 a écrit : ↑09 octobre 2024 13:16
"INFANTISME•Le « no kids » devient un argument de vente pour de plus en plus de restaurants, transports et lieux de vacances
"Je n’aime pas les enfants ». Il n’est pas rare d’entendre cette phrase dans la bouche d’un adulte et de constater un silence convenu dans l’auditoire. La formule serait pourtant inacceptable si cette même personne remplaçait l’occurrence « enfants » par une autre population vulnérable. Imaginez quelqu’un dire sans rougir : « Je n’aime pas les personnes racisées ou les individus porteurs d’un handicap ». Tout le monde s’étoufferait. A raison. Mais on peut pointer les enfants du doigt, s’agacer de leur agitation dans les transports, les exclure des lieux comme de vulgaires objets sans que personne ne réagisse. Et cette tendance semble prendre de l’ampleur avec un marketing « no kids » qui séduit de plus en plus de monde.
Les lieux de vacances, restaurants, voyages certifiés sans enfants de moins de 15 ans se multiplient. Dernière en date, la compagnie de croisières de luxe Virgin Voyages, qui exclut les moins de 18 ans, a annoncé son arrivée en France et en Italie. Qu’est-ce que cette mode du « no kids » dit de notre société ?
« Les enfants sont un groupe social opprimé »
« L’enfance est une cause orpheline du militantisme », dénonce Lyes Louffok dans En Marge sur France Inter. Forcément, ils n’ont pas les moyens de se protéger. « Les enfants eux-mêmes ne connaissent pas leurs droits, il n’existe pas de syndicats d’enfants », égraine Agnès Florin, professeur émérite en psychologie de l’enfant et de l’éducation à Nantes Université.
L'« infantisme », traduit de l’anglais « childism » par la pédopsychiatre Laelia Benoit dans son livre Infantisme (Seuil, 2023), « désigne le préjugé envers les enfants fondé sur la croyance qu’ils appartiennent aux adultes, qu’ils peuvent et doivent être contrôlés, asservis, voire supprimés, pour servir les besoins des adultes. C’est une notion qui a été développée un peu avant les années 1970 aux Etats-Unis par des personnes qui ont compris que les enfants sont un groupe social opprimé, au même titre que les minorités ethniques ou les femmes », pointait Laelia Benoit sur France Culture en octobre 2023.
« Aujourd’hui, dans les discours médiatiques, politiques et sociaux en général, les enfants ont une place que l’on peut qualifier de "sacrée", notent Hélène Oehmichen et Simon Protar, sociologues et enseignants à l’université de Tours. Un ensemble de dispositifs ont été mis en place pour les protéger (pas de travail pénible, suivi de leur santé, pas de responsabilité pénale pour les plus jeunes…). Qui plus est, un grand nombre d’injonctions pèsent sur les parents, et surtout sur les mères, pour qu’elles prennent soin de leurs enfants, qu’elles soient disponibles pour eux de façon constante et non-violente, et qu’elles respectent leurs choix ».
Une atteinte grave aux droits de l’enfant
Et pourtant, les enfants sont plus souvent victimes de violences, de privations de droits et de pauvreté que les adultes. « Ce paradoxe n’est qu’apparent, car protection et domination sont souvent les deux facettes d’une même médaille, l’une justifiant l’autre », soulignent Hélène Oehmichen et Simon Protar.
Souvent, quand un adulte lance « je n’aime pas les enfants », il exprime un rejet de la norme parentale. Je refuse de me soumettre à l’injonction d’avoir un enfant, dans les pas du mouvement « childfree » (sans enfant par choix). Mais il n’est pas toujours question de cela. Pour d’autres, cette formule renvoie au refus d’être en contact avec l’ensemble des enfants. « Il ne s’agit pas tant de refuser d’avoir des enfants que de leur nier un ensemble de droits. Ce second registre est d’autant plus toléré que la domination adulte est structurelle : cela paraît naturel que les enfants aient moins de droits. On peut penser aux parlementaires qui ont dit boycotter le discours de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale, au nom de sa jeunesse », décrivent les deux chercheurs."
https://www.20minutes.fr/tempo/4113493- ... -ca-normal
Ma fille me disait je ne veux pas d'enfant car "je n'aime pas les enfants". Aujourd'hui elle a trouvé un travail à temps partiel (service civique) en qualité d'animatrice découverte nature dont le public est.... de jeunes enfants, avec ballades en poney (elle a fait 4 années d'équitation) et animation. Elle adore son métier. Comme quoi, on peut très vite changer d'avis.
J'ai déjà lu ou il est existe des lieux de vacances pour les seniors dont les petits-enfants ne sont pas les bienvenus, mais j'ignorai qu'il en était de même pour d'autres lieux tels que les restaurants. J'ai du mal à comprendre ce nouveau fait de sociétés. Il est vrai qu'il existe des enfants malpolis, sans limite qui là tient plutôt d'un défaut d'éducation, mais le plus grave est de généraliser à l'ensemble des enfants.
Les enfants, ça crie, ça bouge beaucoup, c'est plein de vitalité. C'est dire que beaucoup d'adultes d'aujourd'hui ont oublié qu'ils furent eux-mêmes des enfants.