Des fois il vaut mieux la fermer.
Amsterdam : le tweet de Marie Mesmeur provoque un tollé (et consterne à gauche)
Dans une réponse à Fabien Roussel, l’élue bretonne a nié toute intention antisémite dans les violences qui ont éclaté à Amsterdam.
POLITIQUE - Tout est parti d’un tweet publié vendredi 8 novembre par le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel. Dans une publication sur X, l’ex-député du Nord s’est indigné des violents heurts déplorés jeudi soir à Amsterdam, en marge de la rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv.
«
Hier soir à Amsterdam, des supporters ont été chassés, menacés et lynchés, dans la rue d’une ville européenne, car ils sont juifs. La haine est croissante, insupportable. Les auteurs doivent être arrêtés et condamnés à la hauteur de cette monstruosité », a dénoncé l’ancien candidat à la présidentielle, alors que toute la classe politique française exprimait son indignation, dont le chef de l’État Emmanuel Macron. C’est alors que Marie Mesmeur, députée LFI d’Ille-et-Vilaine, a directement répondu au dirigeant communiste.
Aplomb déconcertant
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Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais bien parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide », a-t-elle répliqué, avec un aplomb déconcertant, puisque la formulation tend à la fois relativiser les lynchages tout en prétendant connaître les motivations de toutes les personnes impliquées dans ces violences, qui ont conduit à 62 interpellations.
Or, si tout le monde convient (y compris la police) que des supporters du club israélien avaient attaqué un taxi et incendié un drapeau de la Palestine dès mercredi soir, dans les rues de la ville, contribuant selon les autorités locales à un climat délétère autour de la rencontre, il semble a minima hasardeux de nier d’emblée toute intension antisémite chez les agresseurs (sauf à connaître l’ensemble des personnes impliquées) et assez déplacé de donner l’impression qu’un lynchage serait moins grave, voire autorisé, selon les convictions (réelles ou supposées) de ceux qui en sont victimes.
Ce qui, immanquablement, a fait bondir de nombreux observateurs. « “Génocidaires”, “soutiens du génocide” : ce sont les étiquettes que vous et vos amis accolez constamment sur vos adversaires. Votre justification de la violence pogromiste est grave. En tant qu’élue nationale, elle vous engage lourdement », a dénoncé la Licra ce samedi 9 novembre dans un tweet, tandis que l’animateur Arthur a exprimé un sentiment de « nausée » sur le même réseau social.
La gauche se divise face au message
La sortie de Marie Mesmeur a aussi fait réagir à gauche. « Chacun de vos mots abîme un peu plus la République. Cette caution de la violence et de l’antisémitisme est destructrice. Elle dessert le combat antiraciste », a dénoncé la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga. Même tonalité chez la sénatrice PS Laurence Rossignol, qui a rappelé les formulations ambiguës utilisées par plusieurs insoumis au lendemain du 7 octobre.
«
Quand on confond terrorisme et résistance, viols de masse et héroïsme, pas étonnant qu’on finisse par justifier le lynchage ! », a fustigé l’ancienne ministre. Élue PS de Paris, Lamia El Aaraje (hostile à tout accord avec LFI) a appelé ses camarades socialistes à rompre définitivement avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Ce qu’il s’est passé à Amsterdam est épouvantable, glaçant et rappelle les heures sombres de notre histoire. Ce que certains représentants politiques populistes disent est épouvantable et doit nous faire cesser définitivement toute relation avec eux. Ça suffit. Maintenant », a-t-elle grondé.
En début de soirée ce samedi, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé qu’il avait signalé à la procureure de Paris les propos de Marie Mesmeur, « au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, pour apologie de crime ».
Marie Mesmeur se défend
Citée par Le Télégramme, Marie Mesmeur s’est justifiée. «
La veille du match, des hooligans ont arraché des drapeaux palestiniens, ils ont attaqué des personnes dans les rues, ils ont ensuite appelé à tuer des Arabes en public et ont repris des chants génocidaires et pro Netanyahou. Ils ont aussi sifflé au début du match la minute de silence dédiée aux morts de Valence, en expliquant que tous les Espagnols étaient antisémites. Tout ceci est documenté. Il y a des vidéos », se défend-elle, avant d’ajouter : « malgré tout ça, on ne doit pas répondre à la violence par la violence. Toute violence, de tous bords, est insupportable ».
Selon elle, il est impossible de conclure à tout antisémitisme dans ces violences. « Ce qui est tout aussi insupportable, c’est que des responsables politiques, des journalistes, laissent croire que, du coup, ces hooligans criminels israéliens qui étaient organisés, ont commis et chanté des atrocités, ont été attaqués parce qu’ils étaient juifs. Or ce n’est pas le cas », croit-elle savoir, affirmant que les intéressés ont « été attaqués à la suite de cet enchaînement de violences ».
Et l’élue insoumise de marteler : «
On est considéré par certains comme antisémite, car on refuse de dire que ces personnes ont été agressées parce que juives ». Et dire qu’il suffirait seulement de ne pas écarter d’emblée cette hypothèse...
https://www.huffingtonpost.fr/politique ... 42040.html