Une ex-ministre, deux vingtenaires, un philosophe, un essayiste... Découvrez les meneurs des 33 listes déposées pour les élections européennes du 26 mai, et publiées samedi au Journal officiel.
Source:Le Figaro.
Une seule liste de 79 noms, un seul meneur par parti. C’est la nouveauté de ces élections européennes. Le 26 mai 2019, en un seul tour, tous les électeurs français auront le choix entre les mêmes candidats, alors qu’ils votaient jusqu’alors par grandes régions. Paradoxe: à ce scrutin désormais national, propice à l’affrontement de têtes d’affiche, les principaux partis présentent des visages peu connus des Français, souvent vierges de tout mandat électif. Une ancienne ministre, deux vingtenaires, un philosophe, un essayiste... Au total, 33 têtes de liste parmi 2607 candidats ont été enregistrées au ministère de l’Intérieur.
● RN: Jordan Bardella, le pari jeune de Marine Le Pen.
Jordan Bardella:
Marine Le Pen a choisi le conseiller d’Île-de-France Jordan Bardella, âgé de 23 ans, pour mener la liste Rassemblement national (RN). Le porte-parole du parti coche plusieurs cases à ses yeux: il est jeune, sait manier la rhétorique du RN sans dévier de la ligne, et peut, en tant qu’élu de Seine-Saint-Denis, envoyer un signal à l’électorat des banlieues, terre de mission du RN.
Le leitmotiv: Bâtir une «Alliance Européenne des Nations», qui «sera la garante de Nations plus fortes, plus libres, plus vivantes».
Le score aux européennes de 2014: 24,86% - 24 sièges.
● LREM-Modem-Agir: Nathalie Loiseau, la synthèse entre expérience et société civile.
Nathalie Loiseau:
La République en marche (LREM) a longtemps hésité entre deux profils: un candidat plutôt senior, «expérimenté et crédible», ou issu de la société civile? La «synthèse» Nathalie Loiseau devrait régler le problème. Jamais élue, cette proche d’Alain Juppé, ancienne directrice de l’ENA, mène de facto campagne depuis des mois, à travers ses offensives contre le RN sur les réseaux sociaux.
Le leitmotiv: Une «Renaissance européenne» «autour de trois ambitions: la liberté, la protection et le progrès».
Le score aux européennes de 2014: LREM n’existait pas
● PS-Place Publique: Raphäel Glucksman, un essayiste à la tête d’une liste commune.
Raphaël Glucksmann:
À peine lancé dans la bataille politique, depuis qu’il a fondé mi-novembre le parti écologiste, de gauche et européen Place publique, l’essayiste Raphaël Glucksman est propulsé à la tête d’une liste commune avec le Parti socialiste (PS). Fils du philosophe André Glucksmann, il a publié, à 39 ans, une demi-douzaine d’essais politiques et conseillé l’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili. Dans les rangs des socialistes, aucun cadre ne s’est bousculé pour mener la bataille.
Le leitmotiv: «Plus d’excuse» pour «faire passer l’écologie avant l’austérité», «suspendre le CETA et les nouveaux accords de libre-échange», s’opposer à «l’Europe des lobbies et de la finance»
Le score aux européennes de 2014: 13,98% des voix - 13 sièges pour le PS. Place publique n’existait pas.
● LR: François-Xavier Bellamy, un philosophe conservateur en campagne.
François-Xavier Bellamy:
Un intellectuel conduit la liste des Républicains (LR). François-Xavier Bellamy, 33 ans, normalien et professeur de philosophie, n’est pas pour autant vierge de toute expérience politique: il est adjoint au maire de Versailles (Yvelines) depuis 2008. Penseur des limites et des permanences, tenant d’un discours pro-européen teinté de souverainisme, l’auteur de Demeure est proche de la Manif pour tous.
Le leitmotiv: Bâtir une «Europe qui protège», autour d’un patriotisme économique et d’un renforcement des frontières extérieures.
Le score aux européennes de 2014: 20,81 % des voix - 20 sièges.
● LFI: Manon Aubry, le choix «société civile» des Insoumis.
Manon Aubry:
Issue de la société civile (porte-parole de l’ONG Oxfam), Manon Aubry, 29 ans, a été parachutée par Jean-Luc Mélenchon tête de liste de La France insoumise (LFI). Experte sur les questions de lutte contre la fraude fiscale, elle souhaite se spécialiser sur ce sujet au Parlement européen. Sa jeunesse et sa virginité politique rassurent le chef des Insoumis: il sait qu’elle ne pourra pas lui faire de l’ombre.
Le leitmotiv: Sortir des traités européens pour changer l’Union européenne, «ultralibérale», pas assez sociale et solidaire.
Le score aux européennes de 2014: LFI n’existait pas encore. Mais le Front de gauche (PCF-Parti de gauche de Mélenchon) avait recueilli 6,61% des voix - 4 sièges.
● EELV: Yannick Jadot croit en l’étoile écolo.
Yannick Jadot:
Seul dans son couloir. Convaincu du potentiel d’une liste écologiste aux européennes, Yannick Jadot ne veut pas entendre parler d’une alliance à gauche. Déjà élu deux fois député européen, l’ancien soutien de Benoît Hamon à la présidentielle devrait une nouvelle fois reprendre le chemin de Bruxelles au printemps prochain.
Le leitmotiv: Bâtir une Union européenne qui traite en priorité «l’urgence environnementale et sociale».
Le score aux européennes de 2014: 8,95% des voix - 6 sièges.
● DLF: Nicolas Dupont-Aignan, à la conquête du camp souverainiste.
Nicolas Dupont-Aignan:
Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a annoncé dès septembre sa première candidature à la tête d’une liste aux européennes. Sa plateforme d’union des droites, baptisée «Les Amoureux de la France», lancée Bruno North, du CNIP, veut créer la surprise et faire élire des eurodéputés pour la première fois.
Le leitmotiv: Transformer l’Union européenne en renégociant les traités, pour construire une «Europe des nations et des coopérations».
Le score aux européennes de 2014: 3,82% des voix - Aucun siège.
● PCF: Ian Brossat, le nouveau visage du communisme français.
Ian Brossat:
Le communiste, adjoint chargé du logement à la mairie de Paris, a été désigné en juin dernier pour porter la couleur du Parti communiste français (PCF) aux européennes. Malgré les demandes insistantes d’unité à gauche, le porte-parole du parti, âgé de 38 ans, a toujours fait part de son envie d’aller «jusqu’au bout».
Le leitmotiv: Rompre avec l’Union européenne «libérale» en revenant sur les traités actuels pour «refonder une UE avec un principe: l’humain d’abord».
Le score aux européennes de 2014: 6,61% des voix dans l’alliance «Front de gauche» avec le Parti de gauche - 4 sièges.
● Génération-s: Benoît Hamon de retour en campagne, sans le PS.
Benoît Hamon:
Loin d’être démotivé par son mauvais score à la présidentielle (6,36%), Benoît Hamon se lance désormais dans la bataille des européennes avec son mouvement Génération-s et la plateforme «Printemps européen». Partisan de l’unité de la gauche, afin de ne pas laisser le monopole à La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, il a échoué dans ce projet et part en campagne contre l’«austérité» et le «libéralisme».
Le leitmotiv: Pour «un changement de modèle de développement», «la transition écologique et la justice sociale».
Le score aux européennes de 2014: Génération-s n’existait pas.
● UDI: Jean-Christophe Lagarde rêve d’arrimer à lui la droite modérée.
Jean-Christophe Lagarde:
Pris en étau, au centre-droit, entre une liste LR selon lui «confiée à l’extrême droite», et le «calcul politique de M. Macron», le député UDI de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde, a choisi l’autonomie. Avec l’ambition que sa liste UDI conquière des électeurs de droite en rupture avec Les Républicains version Laurent Wauquiez, et partisans d’une plus forte intégration européenne.
Le leitmotiv: Bâtir une «Europe fédérale», autour d’un parquet européen, d’une police fédérale et d’un ministère européen de l’immigration.
Le score aux européennes de 2014: 9,94% des voix, dans l’alliance «L’Alternative», avec le Modem - 7 sièges.
● Les Patriotes: Florian Philippot, un pro-Frexit allié à un «gilet jaune».
Florian Philippot:
À la tête des Patriotes qu’il a fondé en septembre 2017, l’eurodéputé Florian Philippot a rompu avec Marine Le Pen, dont il déplore l’inflexion sur l’Union européenne et l’euro. Le pro-Frexit semblait faire cavalier seul, affaibli par le départ de sa vice-présidente, Sophie Montel, et le refus de François Asselineau de saisir sa main tendue. Mais sa main tendue aux «gilets jaunes» a porté ses fruits puisqu’il a finalement réussi à recruter sur sa liste, à la 9e place, le «gilet jaune» de l’Indre Jean-François Barnaba.
Le leitmotiv: Sortir de l’Union européenne pour «se libérer des mauvaises directives européennes, des mauvais traités commerciaux et des mauvaises politiques».
Le score aux européennes de 2014: le parti Les Patriotes n’existait pas.
● LO: Nathalie Arthaud, en lutte contre la «classe capitaliste».
Nathalie Arthaud:
Déjà candidate lors des deux dernières présidentielles, Nathalie Arthaud repart en campagne pour les élections européennes à la tête d’une «liste autonome», sans alliance avec le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou, qui n’a pu se présenter faute de moyens.
Le leitmotiv: Substituer à l’Union européenne les «États-Unis socialistes d’Europe» en luttant contre «l’Europe des capitalistes et des nationalistes».
Le score aux européennes de 2014: 1,41% des voix - Aucun élu.
● UPR: François Asselineau, le retour du candidat du Frexit.
François Asselineau:
François Asselineau le répète sur tous les tons: le «Frexit est urgent». L’ancien candidat à la présidentielle (0,92% des voix), ex-directeur de cabinet de Charles Pasqua, se verrait bien arriver au Parlement européen - «un Parlement croupion» selon lui - pour le marteler dans l’hémicycle.
Le leitmotiv: Sortir de l’Union européenne et de l’euro pour «réaliser des économies considérables», «faire baisser le nombre de chômeurs» et «retrouver notre indépendance nationale».
Le score aux européennes de 2014: 0,41% des voix - Aucun élu.
● Urgence Écologie: Dominique Bourg, un scientifique en politique.
Dominique Bourg:
Soutenu par l’ancienne ministre Delphine Batho, l’universitaire écologiste entend proposer une alternative à Europe Écologie-Les Verts, basée sur le constat scientifique de l’urgence climatique.
Le leitmotiv: Revendiquer un nouveau modèle civilisationnel pour faire face à l’urgence climatique, en luttant contre les lobbys et «l’hyperconsommation».
Le score aux européennes de 2014: Urgence Écologie n’existait pas.
● Évolution citoyenne: Christophe Chalençon, «gilet jaune» malgré lui.
Christophe Chalençon:
Figure du mouvement des «gilets jaunes», Christophe Chalençon rejette cette étiquette. Il figure en tête de cette liste qu’il ne présente «pas comme une liste de “gilets jaunes”», mais comme «un panel de citoyens de gauche et de droite».
Le leitmotiv: Former une «Europe des nations fortes», qui donnerait la parole aux citoyens sur les lois soumises au vote du Parlement européen.
Le score aux européennes de 2014 : Évolution citoyenne n’existait pas.
● Alliance Jaune: Francis Lalanne, un chanteur repeint en jaune.
Francis Lalanne:
Engagé depuis les débuts du mouvement, le chanteur Francis Lalanne porte une liste revendiquée «gilets jaunes», grâce à laquelle il espère «abolir le système de représentation». Cette liste est issue d’une fusion avec la liste du RIC - éphémère liste de la «gilet jaune» Ingrid Levavasseur.
Le leitmotiv: Défendre une taxe sur les transactions financières internationales et la taxation du kérosène.
Le score aux européennes de 2014 : Alliance Jaune n’existait pas.
● Parti animaliste: Hélène Thouy, l’avocate au secours des bêtes.
Hélène Thouy:
Avocate de l’association L214 de défense des animaux, Hélène Thouy prend la tête de la liste du Parti animaliste, fondé en 2016. Façon pour elle de relayer dans les médias ses causes numéro un, contre «la castration à vif des porcelets» et «l’élevage des poules en cages». Sylvie Rocard, veuve de l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard, figure sur la liste, soutenue par Brigitte Bardot.
Le leitmotiv: Porter «les intérêts des animaux» jusqu’au niveau européen.
Le score aux européennes de 2014 : le Parti animaliste n’existait pas.
Les autres listes:
● La ligne claire (Renaud Camus), liste d’extrême droite identitaire, pour une confédération européenne autour des nations, contre «l’immigration de masse» et «le grand remplacement».
● Parti pirate (Florie Marie), pour la «transparence» des institutions, la défense des «libertés fondamentales sur Internet comme dans la vie quotidienne».
● Mouvement pour l’initiative citoyenne (Gilles Helgen), liste issue de «gilets jaunes», pour la possibilité d’organiser un référendum d’initiative citoyenne (RIC) au niveau national et européen.
● À voix égales (Nathalie Tomasini), liste dite «féministe», pour «faire de la lutte pour le respect de la femme libre et autonome une priorité nationale et européenne».
● Parti révolutionnaire-Communistes (Antonio Sanchez), liste d’extrême gauche, pour «défendre la classe ouvrière».
● Union démocratie pour la liberté égalité fraternité (Christian Luc Person), liste de centre-droit, pour une «Europe fédérale», «forte et plurielle».
● Neutre et actif (Cathy Denise Ginette Corbet), pour «lutter contre l’abstention»
● Démocratie représentative (Hadama Traoré), liste d’extrême gauche, pour une «Europe solidaire» et «internationaliste», contre «le système républicain et néolibéral».
● Allons enfants! (Sophie Caillaud), parti organisé par des moins de 30 ans, pour une Europe «plus durable» et «plus participative»
● Dissidence française (Vincent Vauclin), parti d’extrême droite nationale et sociale, pour une «révolution conservatrice», une «alternative nationale et sociale».
● Alliance royale (Robert de Prévoisin), parti royaliste, contre l’UE et pour l’Europe, «espace naturel de coopération».
● Décroissance 2019 (Thérèse Delfel), parti pro-décroissance, contre «la société du gaspillage» et pour la «décroissance de l’empreinte écologique globale».
● Europe Démocratie Espéranto (Pierre Dieumegard), mouvement européen, pour l’adoption de l’espéranto, «langue commune équitable de l’Europe, en complément des autres langues européennes».
● Les oubliés de l’Europe (Olivier Bidou), liste catégorielle, pour la défense des intérêts des artisans, commerçants, professions libérales et des indépendants auprès des institutions européennes.
● Parti des citoyens européens (Alexandre Audric), mouvement fédéraliste, pour une «République européenne», «fédérale», «verte» et «solidaire».
● Parti fédéraliste européen (Yves Gernigon), mouvement fédéraliste, pour une «Europe fédérale à trois échelons» (Europe, État, région).
http://www.lefigaro.fr/politique/le-sca ... depart.php