et l'entourloupe continue ....
Selon l'étude du collectif Nos retraites, l'étude d'impact, déjà démontée par le Conseil d'Etat, est sciemment orientée pour minimiser les effets négatifs de la réforme, à commencer par le point crucial et contesté de l'âge pivot ou âge d'équilibre
Toutes les simulations ont été réalisées selon ces principes :
- age de départ figé à 65 ans, et non prise en compte des malus qui s'appliquent pour ceux qui commencent à travailler au delà de 22 ans
- mixage d'euros constants et courants qui donnent l'illusion d'une pension élevée ; le ridicule va même jusqu'à laisser croire qu'une personne dont le salaire moyen est de 1000€ va percevoir une pension de 1900€ bruts
extraits de l'article Mediapart (accès limité)
https://www.mediapart.fr/journal/france ... s-chiffres
Première surprise à la lecture de l’étude d’impact et des cas types : l’âge d’équilibre est en fait fixé par le gouvernement à 65 ans, et non 64 ans. Deuxième surprise, et elle est énorme : le gouvernement a « oublié » de prendre en compte le recul de cette borne pour calculer ses simulations ! L’étude d’impact l’assume : même si elle détaille les cas des générations nées de 1975 à 2003, « l’âge d’équilibre du système universel s’établit pour ces générations à 65 ans et la durée d’assurance requise à 43 années ».
Dans ces calculs, il n’y a donc aucune différence pour des générations nées à vingt-huit ans d’écart. Résultat, en choisissant des exemples de salariés qui auront tous travaillé 43 ans, le gouvernement n’a comptabilisé aucun des malus qui les pénaliseront pourtant à coup sûr s’ils partent à la retraite plus tôt que l’âge pivot.
Voilà qui permet à l’exécutif de jeter un voile pudique sur l’iniquité du principe même de cet âge pivot. Si cette borne est fixée à 65 ans, un ouvrier qui commencerait à travailler à 20 ans et cotiserait 43 ans pourrait perdre 10 % de sa pension, quand un cadre démarrant à 24 ans aurait droit à un bonus de 10 % en travaillant exactement la même durée. Et cela alors même que les cadres vivent plus longtemps (et en meilleure santé) que les ouvriers.
Le secrétariat d’État à la réforme des retraites dément vouloir tromper le Parlement et les Français. « Nous avons figé nos calculs dans une situation où les réformes déjà votées sont arrivées à leur terme, c’est-à-dire à une durée de cotisation nécessaire de 43 ans, explique un de ses représentants. Si on commence à travailler à 22 ans, on arrive à 65 ans pour le départ à la retraite, sans décote [ce sera le cas en 2037, si aucune autre mesure d’allongement de la durée de cotisation ou de recul de l’âge de départ n’est prise d’ici là – ndlr]. C’est l’hypothèse que nous avons retenue. »
Une lecture, même rapide, des cas types du gouvernement fait apparaître une autre série de bizarreries. Par exemple, Marie, artisane née en 2003, est présentée comme travaillant toute sa carrière pour un salaire mensuel « équivalent à » 1 333 euros par mois. Elle est pourtant censée toucher 1 899 euros de pension par mois dans le futur système. Même constat pour Thomas, agriculteur, gagnant « l’équivalent de » 1 000 euros par mois, et touchant au final les mêmes 1 899 euros de retraite.
Comment peuvent-ils gagner plus à la retraite que lors de leur carrière ? En fait, le gouvernement mélange les euros « constants » (calculés comme si l’inflation n’existait pas), et les euros « courants » (sur lesquels l’inflation est prise en compte), ce qui lui permet de gonfler artificiellement le montant apparent des retraites. La vérité est moins glorieuse. Les 1 899 euros promis correspondraient en fait aux 85 % du Smic net qui est promis par l’exécutif.
Un point qui permet de souligner que les hypothèses de revalorisation du Smic retenues pour ces calculs sont particulièrement généreuses. Ces hypothèses, rappelle le secrétariat d’État, sont les mêmes que celles du Conseil d’orientation des retraites. Elles sont exposées à la page 731 de l’étude d’impact. Cette dernière considère qu’en 25 ans (entre 2025 et 2040), le Smic augmenterait de pas moins de 53 %, alors qu’il n’a augmenté que de 26 % ces 15 dernières années. Entre 2032 et 2040, le Smic augmenterait carrément de 3,07 % par an, un niveau pas atteint depuis 2006.