19 novembre 1927 Enterrement de Joffé, haut dirigeant bolchevik antistalinien.
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L’enterrement de Joffé, dernière manifestation publique de l’opposition de gauche anti-stalinienne en Russie (19 novembre 1927)
L’enterrement de Joffé, le 19 novembre 1927, se transforma en une imposante manifestation dont un auteur samizdat, Natalia Ivanovna, Victor Serge et Pierre Naville ont rendu compte. Victor Serge raconte :
« Le C.C. avait fixé à 2 heures le départ du cortège qui devait conduire la dépouille mortelle du commissariat des affaires étrangères au cimetière de Novo-Diévitchii : si tôt, les gens du travail ne pourraient pas venir. Les camarades retardèrent tant qu’ils purent la levée du corps. Vers 4 heures, une foule lente, foulant la neige en chantant, avec peu de drapeaux rouges, descendit vers le Grand Théâtre. Elle comptait déjà plusieurs milliers de personnes. [...] Grand, le profil aigu, en casquette, le collet du mince pardessus relevé, Trotsky marchait avec Ivan Nikititch Smirnov, maigre et blond, encore commissaire du peuple aux P.T.T., et Khristian Rakovsky. Des militants géorgiens qui avaient, sous leur manteau bleu serré à la taille, belle allure militaire, escortaient ce groupe. Cortège gris et pauvre, sans apparat, mais dont l’âme était tendue et dont les chants avaient une résonance de défi. En approchant du cimetière, les incidents commencèrent. Sapronov, la crinière blanche, hérissée autour d’un visage émacié, passa dans les rangs : "Du calme, camarades, ne nous laissons pas provoquer... On enfoncera le barrage." L’un des organisateurs de l’insurrection de Moscou en 1917 organisait maintenant ce triste combat à la porte d’un cimetière. Nous piétinâmes un moment devant le haut portail crénelé ; le C.C. avait donné l’ordre de ne laisser entrer qu’une vingtaine de personnes. "Alors, répondirent Trotsky et Sapronov, le cercueil n’entrera pas non plus et les discours seront prononcés sur la chaussée. "Il sembla un moment que les barrages allaient éclater. Les délégués du C.C. intervinrent, nous entrâmes. Le cercueil flotta un dernier moment au-dessus des têtes dans le silence et le froid, puis on le descendit dans la fosse. Je ne sais plus quel fonctionnaire apporta les condoléances officielles du C.C. Les murmures montèrent : "Assez ! Qu’il s’en aille !" Ce fut pesant. Rakovsky dominait la foule, glabre et corpulent, la parole claquante, portant loin : "Ce drapeau – nous le suivrons comme toi – jusqu’au bout – nous en faisons – sur ta tombe – le serment !" » [6]
L’auteur du récit samizdat, membre de l’Opposition de gauche russe, est un tout petit peu plus précis : Tchitchérine représente le gouvernement, et c’est l’intervention de M.N. Rioutine qui provoque la colère des assistants. Il raconte la réaction de Trotsky aux cris de protestation :
« Comme s’il sortait d’un rêve, il demanda à Sapronov qui se trouvait à ses côtés : "Pourquoi crient-ils contre lui ?” Je n’entendis pas la réponse de Sapronov, mais, à regarder Trotsky, il était facile de remarquer qu’il n’écoutait pas les orateurs. Plongé dans ses réflexions, il regardait fixement la tombe béante : sa joue gauche était secouée de tremblements nerveux. Quand Tchitchérine annonça que Lev Davidovitch Trotsky avait la parole, le silence se fit tout autour ; même les soldats sur les murailles se figèrent dans l’attente. » [7]
Trotsky est le dernier orateur. Naville se souvient que « le mot biourocrat sonnait entre ses mâchoires comme celui de l’adversaire désigné depuis longtemps » [8]. Le témoin russe se souvient :
« Son discours coulait comme une mélodie triste et vous pénétrait jusqu’au cœur. [...] Jamais il n’en avait prononcé un pareil. [...] Peu à peu la triste mélodie céda la place à un appel à la vie, à la lutte. » [9]
Trotsky appelle ses auditeurs à suivre l’exemple de la vie de Joffé et non de sa mort :
« Il a occupé des postes responsables, mais ce n’était pas un bureaucrate. Le bureaucratisme lui était étranger. [...] Il abordait tous les problèmes du point de vue de la classe ouvrière [...] du prolétariat et de la révolution internationale. [...] Il s’en est allé au moment où, selon ce qu’il pensait, il ne lui restait rien à donner à la révolution que sa mort. Alors, avec fermeté et courage, comme il avait vécu sa vie, il l’a quittée. Quittons-le dans l’esprit où il a vécu et combattu [...] sous le drapeau de Marx et de Lénine sous lequel il est mort. Nous vous le jurons, Adolf Abramovitch Joffé, nous porterons votre drapeau jusqu’au bout. » [10]
L’auteur du récit samizdat raconte que la foule qui se pressait vers Trotsky, après son discours, faillit l’écraser contre un mur et que Lachévitch prit l’initiative de former un cordon de camarades qui réussirent à le dégager. Monté sur des épaules fraternelles, il lança un appel à ne pas manifester et à rentrer chez soi.
C’était la dernière fois qu’il prenait la parole en public sur la terre soviétique...
Source : https://www.marxists.org/francais/b...
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Macron n'aime pas la démocratie. Dans une démocratie il n'y a pas d'ordonnances.
Avec macron, c'est : ""J'ordonne... tu exécutes sans discussion et vite"".
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