Kelenner a écrit : ↑05 mars 2022 19:49
On confond un peu tout. Il faut quand même bien distinguer deux choses si on veut garder l'esprit clair :
1) les causes profondes du conflit, et là on peut évidemment mettre en cause l'OTAN, les américains, les ukrainiens eux-mêmes, la gestion de l'après-URSS etc... il y aurait beaucoup à dire, pour comprendre comment on a pu en arriver là, et l'attitude de Poutine n'est évidemment pas irrationnelle, elle est l'aboutissement d'une suite d'événements.
Il faudrait alors peut-être commencer par se demander pourquoi l'URSS s'est effondrée en 1991 et pourquoi l'Ukraine a été le premier pays issu du bloc soviétique à demander et à obtenir son indépendance.
il faudrait peut-être aussi commencer par rappeler que ce sont des pays issus de l'ancien bloc soviétique qui ont demandé à s'associer à l'Otan (je pense aux pays baltes). Et pourquoi ce besoin, d'après vous ?
Point besoin d'aller demander à un polonais ou à un lituanien ce qu'il pense de l'ex-URSS et de l'actuelle Russie de Poutine. L'élargissement des pays adhérents à l'OTAN n'est donc pas né de rien et retrouve une nouvelle justification après une période de "mort cérébrale" qui ne semble plus au goût du jour.
2) la guerre elle-même, qui est une agression contre un pays souverain qui ne menaçait pas la sécurité de la Russie, et qui est donc injustifiable et criminelle QUOI QU'ON PENSE des responsabilités antérieures des uns et des autres.
Nous sommes bien d'accord sur ce point. Et le problème que soulève cette question est la notion d'extensivité géographique de la notion de défense. Jusqu'où un pays peut-il aller à l'étranger pour "se défendre" ? Jusqu'où Poutine pourrait aller pour ne plus se sentir "menacé" ? Après l'Ukraine, quel autre pays issu de l'ancien bloc soviétique pourrait être une nouvelle cible pour Poutine ?
Mais "menacé" de quoi et se "défendre" de quoi au juste ?
De ce que des régimes dictatoriaux comme celui de la Russie et celui de la Chine redoutent comme la pire des pestes ( à commencer au sein de leurs propres pays) :
ce besoin infini de liberté et de démocratie des peuples qui ont aussi besoin de sécurité ( d'où l'OTAN européen) pour se sentir vivre plus pleinement et plus librement.
Voilà le sujet, voilà à mon avis le vrai sujet. Ces régimes dictatoriaux sont redoutables et inhumains mais ils présentent une vraie faille, une vraie faiblesse : cette peur irrationnelle et maladive du besoin de liberté et démocratie des peuples. C'est le bon virus à leur exporter. Et qu'ils en crèvent.
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Mais pour en revenir à des choses plus basiques, la question que je me pose, moi, en ce moment est : que veut-on devenir toutes ces femmes et ces enfants qui quittent actuellement par milliers leur pays ?
Toute cette population ukrainienne qui quitte actuellement en catastrophe l'Ukraine deviendra-t-elle une population exilée définitive en Europe et jugée
non grata en Ukraine après l'instauration d'un nouveau pouvoir aux ordres de Moscou ? Comme la population syrienne réfugiée en Allemagne qui sait qu'elle ne retournera probablement plus jamais en Syrie ?
Ou bien cette population exilée garde-t-elle quand même un espoir de retour prochain au pays, même si ce sera au prix douloureux du sacrifice de sa liberté ?
Voilà : en dehors de toutes nos considérations géopolitiques, moi je pense aussi au présent et à l'avenir de ces destins brisés.
Ce sont toujours les civils qui payent...