Sur les 138 étrangers en situation irrégulière placés en rétention mardi dernier, 95 ont déjà été libérés, selon la Cimade. "Ils reviennent progressivement. Ils ont peur. Ils dorment un peu partout maintenant", témoigne une bénévole. Pour sa part, le ministre Eric Besson parle de succès.
Asseb, 16 ans, Youssouf, 14 ans, et Muramad, 13 ans. Ils sont Afghans (AFP)
Asseb, 16 ans, Youssouf, 14 ans, et Muramad, 13 ans. Ils sont Afghans (AFP)
Huit jours ont passé depuis le démantèlement médiatisé de la "jungle" de Calais, et la Cimade a fait le bilan. Selon l'association, sur les 138 étrangers en situation irrégulière placés en rétention mardi dernier, 95 avaient déjà été libérés lundi après-midi 28 septembre.
"Quatre-vingt-quinze des 138 étrangers sans-papiers placés en rétention après le démantèlement de la "jungle" ont été, à cette heure, remis en liberté. D'autres libérations vont suivre quand les cours d'appels se seront prononcées", a déclaré Damien Nantes, responsable du service Défense des étrangers reconduits à la Cimade, jusqu'à présent seule association présente dans les centres de rétention.
"Beaucoup de mineurs sont revenus"
La "jungle", principal campement de sans-papiers près de Calais, a été évacuée et rasée mardi 22 septembre. Un total de 276 étrangers en situation irrégulière, dont 125 mineurs, essentiellement afghans d'ethnie pachtoune, ont été interpellés lors de cette opération.
Pour ce qui concerne les mineurs, 28 migrants sur les 125 interpellés avaient d'ores et déjà quitté les centres d'accueil spécialisés lundi, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
Selon Sylvie Copyans, de l'association Salam qui vient en aide aux migrants sans-papiers à Calais, "beaucoup de mineurs sont revenus" dans le Calaisis dans l'espoir de passer en Angleterre.
"La police nous a laissés à Nîmes"
Youssouf, Asseb et Muramad étaient de retour à Calais dès le lendemain de leur interpellation. Ils ont élu domicile sur le quai de la Moselle, derrière des arbustes, à deux pas de la mairie. "La police nous a laissés à Nîmes, à plus de 1.000 kilomètres de Calais et on a dû revenir en train. On ne comprend toujours pas pourquoi", expliquent Youssouf, Asseb et Muramad, qui se disent mineurs. Ils disent tenter tous les soirs le passage vers l'Angleterre.
Un peu plus loin du quai, une centaine de migrants patientaient lundi en attendant l'heure du déjeuner. Ils se sont rassemblés par ethnies (Afghans, Irakiens, Erythréens...) pour attendre la petite camionnette de l'association "Belle Etoile".
Un enfant irakien de trois ans attend lui aussi, assis dans un fossé avec ses parents. Ils sont arrivés il y a quelques jours.
"Ils ont peur"
"Ils reviennent progressivement. Ils ont peur. Ils dorment un peu partout maintenant", explique Françoise Peenaert, 61 ans, une bénévole de "Belle Etoile".
"Ce (lundi) matin, une quarantaine de migrants, dont une majorité d'Afghans, sont venus prendre leur douche. C'était à peu près le nombre qui passait avant l'évacuation du campement pachtoune", constate Maurice Collier, du Secours catholique.
"Toute personne de bon sens pouvait pressentir que cette action de démantèlement ne règlerait rien et qu'inévitablement ils reviendraient", a déclaré Jack Lang, député PS du Pas-de-Calais. "Quels que soient les obstacles, les migrants arrivent à passer", souligne-t-il.
Pour Besson, c'est un succès
Dans un communiqué, le ministre de l'Immigration Eric Besson affirme toutefois que le démantèlement de la "jungle" a été un succès. "L'objectif, qui était de détruire un campement insalubre et une plaque tournante des filières clandestines à destination de l'Angleterre, est atteint", affirme Eric Besson. Le ministre annonce que "deux nouvelles opérations seront organisées avant la fin de la semaine", expliquant que "ces filières cherchent systématiquement à reconstruire de nouvelles plateformes de transit".