La cagnotte contre l'absentéisme au lycée scandalise
Révélé par le Parisien-Aujourd'hui en France, le projet de «Cagnotte collective» octroyée à quelques classes de lycées de l'académie de Créteil suscite une vive polémique.
Payer les élèves pour aller en cours... L'expérimentation qui commence lundi dans trois lycées professionnels de l'académie de Créteil a suscité une vive polémique parmi les enseignants et les parents d'élèves. Révélée par Le Parisien - Aujourd'hui-en-France dans son édition de vendredi, l'existence de cette cagnotte collective concernera environ 150 élèves dans un premier temps.
Une somme d'argent va être allouée dans certaines classes : les élèves devront s’y fixer un objectif d’assiduité. S’il est rempli, la classe pourra s’offrir en fin d’année un voyage ou le Code de la route… pour un montant de 10 000 € maximum. Une expérience analogue est menée à Marseille, au lycée professionnel Mistral, dans le VIIIe arrondissement. Les élèves les plus assidus ont, eux, droit à des places pour assister aux matches de l'OM, indique ce samedi le quotidien «la Provence».
Dans une interview au Parisien ce vendredi, le recteur de l'académie Jean-Michel Blanquer assume et se défend de vouloir acheter la présence des élèves. Il parle plutôt de les «responsabiliser». Même avis pour Dominique Bertheaum, proviseur du lycée Gabriel Péri, l'un des trois établissements concernés: «quand une classe est fédérée autour d'un projet, ça marche mieux».
«La carotte sans le bâton : prendrait-on les élèves pour des ânes ?», rétorque le Snalc-CSEN, syndicat des enseignants du secondaire, qui y voit «une grave dérive démagogique».
Les parents d'élèves pas convaincus
Le chercheur en sciences de l'Education Philippe Mérieu parle au contraire de «pente dangereuse». Même son ce cloche chez les parents d'élèves : Pour Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (gauche), c'est «un ersatz de solution: un problème d'éducation réglé par l'argent, c'est quand même assez catastrophique». Pour lui, combattre l'absentéisme passe notamment par «une vraie réforme de l'orientation», surtout dans les lycées professionnels où «de nombreux élèves sont envoyés dans des filières qu'ils n'ont pas choisies, parfois faute de places».
Même inquiétude à la Peep, fédération de parents pourtant classée à droite : «Nous sommes très réservés, et même un peu inquiets. C'est mettre la main dans un engrenage, on commence avec les bons points à l'école maternelle, et on finit par les billets au lycée ?», estime ainsi Philippe Vrand, président de la Peep. «On ne veut pas que l'argent soit le levier pour motiver les élèves», a-t-il ajouté. «D'ailleurs, avec quelle efficacité ? Ils vont peut-être venir à l'école, mais vont-ils travailler ?», s'est-il interrogé.
Une «grave dérive» pour Huchon
Même hostilité de la part du président du Conseil régional PS, Jean-Paul Huchon. Dans un communiqué, l'élu - qui gère le financement des lycées d'Ile-de-France - estime que «loin de responsabiliser les élèves, la mise en place de "cagnottes collectives" nourrira un sentiment d'injustice entre les classes et les différentes filières de formation avec un risque d'accroissement des violences au sein des établissements». Pour Jean-Paul Huchon, «le rôle de l'école n'est pas d'apprendre aux élèves comment gagner de l'argent par tous les moyens, mais de leur transmettre les savoirs et les valeurs indispensables pour leur épanouissement personnel et pour la vie en société ».
La colère des internautes
Quant à nos internautes, les réactions sont quasi unanimes : c'est l'indignation qui domine. «Quelle honte !», « Scandaleux ! Ineptie ! Aberrant !» clament en choeur les intéressés.
« Ainsi s'éteint la liberté, sous une pluie d'applaudissements. » Star Wars, épisode III
"nul bien sans peine".....