Entendu ce matin à la radio : la principale revendication des syndicats, pardon, du syndicat CGT, est d'avancer l'âge de la retraite pour pénibilité, hors le temps de travail effectif d'un grutier serait de 3h par jour, avec un maximum de 12 h par semaine !Le rapport public annuel de la Cour des comptes le pointe du doigt. Les conflits liés à l'échec des négociations sur la pénibilité des métiers portuaires pèsent sur son activité. De nombreuses entreprises se disent en danger
En 2010, si le trafic conteneurs est resté en deçà du million de boîtes (953 435), la progression de 9% a été supérieure de deux points à celle des ports méditerranéens.
La situation des ports français inquiète. Paralysés du vendredi au lundi inclus depuis le début du mois de janvier, elle désorganise les flux de transport, pénalise les entreprises et surtout, va se poursuivre. Hier soir en effet, la réunion qui a rassemblé à Paris les partenaires sociaux sous l'égide de L'Union des Ports de France (UPF), à qui le gouvernement a donné mandat pour négocier la question de la pénibilité des métiers portuaires, a fait choux blanc. Au grand dam de la Fédération des Ports et Docks CGT, dont le secrétaire général, Tony Hautbois, a fait à la sortie le constat "d'une situation de blocage". Conséquence, un nouveau mouvement de quatre jours suivi en alternance par les dockers et les portiqueurs va être lancé. D'ici là, d'autres actions plus ponctuelles vont être menées.
Cette dégradation du climat social agace les entreprises, notamment à Marseille où le mouvement "Touche pas à mon port", qui a vu le jour en octobre denier, s'apprête de nouveau à monter au créneau. Lancé par l'union patronale des Bouches-du-Rhône (UPE 13), il s'était distingué en publiant une affiche dénonçant les avantages des portiqueurs du port de Marseille. Demain, l'instance dénoncera "une succession de grèves ininterrompues" et lancera un cri d'alarme. Ironie du sort, c'est au même moment que plusieurs informations font état de constats dressés par la Cour des comptes à propos des ports. Ils devraient figurer dans le rapport public annuel 2011 qui sera présenté le 8février prochain.
Parmi les urgences sur lesquelles la Cour des Comptes entend alerter, l'établissement public Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) figurerait en bonne place. Les agents portuaires affectés au maniement des grues et des portiques qui chargent et déchargent les conteneurs sur les bateaux percevraient des rémunérations évaluées en moyenne entre 3500 et 4500 euros net. Des chiffres déjà évoqués à diverses reprises, mais que les agents portuaires avaient contesté avant les fêtes en allant placarder leurs fiches de paie sur les murs de l'union patronale des Bouches-du-Rhône. Des chiffres qu'un délégué jugeait hier soir encore "exagérés".
Une chose est sûre : les commentaires des magistrats de la Cour ne vont pas contribuer à détendre un climat social exacerbé du fait de l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations sur la question de la pénibilité des métiers portuaires. À Marseille, ils risquent même de radicaliser un peu plus les positions patronales et syndicales. Il reste qu'il ne faut pas se voiler la face: les grèves du second semestre 2010 ont fait perdre plus de 7 millions d'euros au port de Marseille qui n'est plus que le nº5 en Europe avec un trafic global de 86 millions de tonnes.
Son image de marque est ternie et sa crédibilité auprès des clients sérieusement entamée. C'est pourquoi le président du directoire, l'industriel Patrick Daher, souhaite parvenir "à un pacte social par le dialogue". Il y a urgence.
Le tout pour une rémunération moyenne de 4 400 € nets, primes incluses.
Et pendant ce temps, les cargos se détournent de Marseille au profit d'autres ports européens, ravis d'augmenter aussi facilement leur activité.