Le dimanche ici
il y a toujours un voisin
qui s'occupe de ses terres
ses coups de bêche dans la glaise
qui ressemble plus à de la boue
et dont le sel est tout gris de vieillesse
me ramènent l'un après l'autre
à la réalité
ce réel indicible sans frontière
la douleur sous les ongles au moment de frapper
la semence qui bout et n'attend pas son reste
j'avais seulement besoin d'amour
de gravir mes douze vies
vers de plus accueillants sommets
libres mais sans le savoir
pour ne pas gâcher la première impression
mais j'ai abandonné certains espoirs
comme si c'était
mes propres enfants que je reniais
tous mes mots au burin ou dans l'eau écumante
d'un nouveau feu d'amour
pensé dans mon front lourd comme un rocher
parfois
je vais et je viens dans la soie bleue des lèvres
et je ne me reconnais plus
dans ce glissement de terrain
possédé ou dupé ou crissant dans les draps
comme si je visitais des bibliothèques mortes
dans la tension entre la flèche et l'arc
monâme est proscrite ma cause perdue d'avance
mes souvenirs et mes doutes en moi remuent
je voulais horrifier les foules
et n'ai su que me perdre
dans ce noir déployé comme un drapeau
cette flèche aigu à « comme un signal de détresse
au-dessus des mers
délivré de tout sentiment
et assis patiemment sous les jupes des femmes
fourrés de ronces que cinglent les pluies de mars
sol puissant que frappent
les sabots noirs furieux des alezans
je suis l'objet je suis la quête
et je suis celui qui reçoit
et je suis la rocaille que hante le serpent
et que les brasiers venimeux font rena à à‚®tre
mon attente est celle
de la broussaille aux couronnes de buis
voici ce qu'il en est : j'ai trop vécu
pour ne pas être déj à mort
au froid soleil de mars
dessinant des fleurs aux fenêtres.
Mon temps et mon espace
à la fois se réduisent
les meubles craquent la nuit
et le hasard dessine des ombres sur les murs
tandis qu'un volet bat
et qu'un miroir me renvoie
des images d'insectes tordus
de foules aux aguets sous le lit
et de forêts profondes
j'avais seulement besoin d'amour
mais il n'y a plus nulle trace de vie
ici ou ailleurs et une femme
toujours revient à moi
comme une diseuse de bonne aventure
sonnant ses cloches d'or et d'amour
et semant des graines de promesses
alors que la ville tombe en ruine
et que le sang
mêle son odeur aux noires pluies du jour
l à je vois des rouges inconnus
comme des reflets de bouteille de vin
et je pleure mes mains finies
mes mains usées crépitant de fatigue
et lasses parmi tous ces gestes quotidiens
mes mains encore teintes du sang
qu'elles ont contenu quelquefois
ou jeté dans les cendres de ce monde sans joie
j'avais seulement besoin
de me rejoindre.
Le dimanche ici...
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- Enregistré le : 19 avril 2006 17:31
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Le dimanche ici...
Aimez-vous les uns les autres
et foutez-moi la paix.
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- Cecile Eppe-Frenette
- Posteur de Passage
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JE NE SUIS PAS UNE CRITIQUE LITTERAIRE... mais.......
Je ne suis pas une critique littéraire... mais je me permets tout de même de donner mon opinion sur tout...
Votre texte est très imagé.... En vous lisant, j'ai pensé à la peste de Camus... (vous connaissez sans doute ?);
En vous lisant, j'avais la chair de poule sur le bras tellement... car il me semble que vous décrivez un mal-être "incommensurable"....
... ou ai-je mal compris ?
J'espère qu'un jour vous saurez nous décrire avec la même intensité un bien-être "incommensurable".
Cécile
Votre texte est très imagé.... En vous lisant, j'ai pensé à la peste de Camus... (vous connaissez sans doute ?);
En vous lisant, j'avais la chair de poule sur le bras tellement... car il me semble que vous décrivez un mal-être "incommensurable"....
... ou ai-je mal compris ?
J'espère qu'un jour vous saurez nous décrire avec la même intensité un bien-être "incommensurable".
Cécile
La liberté c'est le respect des droits de chacun - l'ordre c'est le respect des droits de tous.
Je respecte l'opinion des autres, mais j'insiste pour donner la mienne.
Cécile
Je respecte l'opinion des autres, mais j'insiste pour donner la mienne.
Cécile