Des fillettes prenant des poses lascives dans les magazines. Des trousses à maquillage qui font leur entrée à l’école primaire. La sénatrice UMP Chantal Jouanno rend, ce lundi matin au gouvernement, son rapport sur l’hypersexualisation des petites filles. Pour 20 Minutes, elle dévoile son contenu et ses propositions.
Dans votre rapport, vous affirmez que la «cause féminine est en train de régresser». Pourquoi?
L’hypersexualisation des petites filles n’est pas perçue comme un danger. En habillant leurs filles comme des femmes, certains parents ne voient pas à mal. Mais, dans la mode, les jouets ou les dessins animés, nous assistons à un retour des stéréotypes. Le danger, c’est que cette vague de l’apparence remette en cause notre intelligence. L’hypersexualisation est la cause de la régression féminine.
Vous parlez de danger...
Oui. Dangers individuels. Aujourd’hui, 37 % des filles de onze ans avouent être à la diète. L’intrusion précoce de la sexualité entraine des dégâts psychologiques irréversibles dans 80 % des cas, selon les experts. Et danger collectif pour la parité.
Faut-il légiférer?
Les grands principes existent. «L’intérêt supérieur de l’enfant» et la «dignité humaine» sont inscrits dans la loi. Je propose de rédiger une charte de l’enfant pour que les juges sachent quoi mettre derrière ces principes.
Concrètement, que proposez-vous?
D’interdire aux moins de 16 ans de devenir l’égérie de marques de mode. Pour les entreprises, je voudrais adopter le principe du name and shame. Les marques ne respectant pas la règle seront dénoncées sur Internet. On l’a vu à l’étranger, c’est un principe très puissant. Les parents ou les associations qui remarquent des dérives pourront intervenir directement.
Et les concours de mini-miss?
Je veux interdire les concours de beauté aux moins de 16 ans où l’on ne juge que sur l’apparence. Où est l’intérêt de l’enfant? Ce ne sont pas des concours de talents. Et ils se développent de façon anarchique. J’ai reçu le responsable du concours Mini-Miss national, je lui ai demandé pourquoi il n’y avait pas de concours Mini-Boy. Il m’a répondu que les petits garçons n’étaient pas demandeurs… Voilà encore un exemple du retour des stéréotypes.
Vous êtes aussi favorable au retour de l’uniforme au primaire...
Oui. Même si cela ne permet pas de lutter contre l’hypersexualisation. Regardez le Japon est touché par ce phénomène alors que l’uniforme est de rigueur... Mais, à dix ans, les enfants parlent de Gucci et Vuitton. Un uniforme peut répondre à la concurrence des marques. Je propose donc un socle de valeurs national, une sorte de règlement, à adopter pour que les jeunes soient respectueux de l’institution qu’est l’école primaire.