Les opérations de secours de neuf mineurs piégés depuis jeudi dans une mine du sud du Pérou s'organisaient péniblement samedi, freinées par l'accès impossible d'engins lourds au site, alors que les hommes, indemmes, restaient alimentés et en contact avec l'extérieur.
Les neuf mineurs sont restés prisonniers jeudi après un éboulement de roches dans la mine artisanale de cuivre dite «Cabeza de Negro», dans le secteur d'Ica, à 325 km de Lima, mais l'information n'est parvenue que vendredi aux autorités qui ont dépêché pompiers et police sur le site reculé.
Un nouvel éboulement a anéanti les premiers efforts
«Nous avons renoncé à utiliser une excavatrice, car il est difficile de l'amener en camion en raison de la pente de la montagne», a indiqué samedi à l'AFP Erin Gomez, secrétaire régional de la Défense civile à Ica. Faute de pouvoir acheminer des machines, les sauveteurs doivent s'efforcer de déblayer manuellement les roches pour accéder aux mineurs, un travail qui était d'ailleurs tout près de réussir dans la nuit de samedi a dimanche.
«Le déblaiement des décombres était réalisé à 90%, mais comme il était fait de manière artisanale, il y a eu un nouvel éboulement, et il faut de nouveau recommencer à zéro», a expliqué sur la radio RPP de Lima le directeur régional de la Santé, Alberto Borja, qui a demandé l'envoi d'une équipe de sauveteurs spécialisés pour poursuivre le travail.
Une relève était aussi impérative pour soulager les premiers secouristes, sur place depuis vendredi. Selon Gomez, dans un scénario idéal «le sauvetage pourrait aboutir dans la nuit ou dimanche», mais a-t-il signalé prudemment, «tout dépend de l'absence de nouveaux éboulements» lors du déblaiement.
Les mineurs se trouvent non pas en profondeur mais dans une galerie horizontale, à environ 250 mètres sous une des montagnes pelées de pierres et de sable, qui forment le panorama désertique de l'arrière-pays d'Ica. D'après la description des autorités, l'opération de secours, bien que compliquée, n'aurait rien de comparable avec l'entreprise titanesque qui avait permis en octobre 2010 la libération de 33 mineurs dans le Chili voisin.
Déshydratés mais indemnes
«Les 33», dont l'épopée avait capté l'attention planétaire, étaient restés prisonniers 69 jours à plus de 600 mètres sous terre, un record, même s'ils avaient pu être alimentés et suivis depuis la surface à partir du 18e jour. Selon Borja, les mineurs d'Ica sont approvisionnés en air, en eau et en aliments liquides à travers un conduit avec l'extérieur et une centaine de petites bouteilles de boissons hydratantes leur ont déjà été transmises.
D'après les communications avec eux, «ils ont présenté des signes de déshydratation et des troubles psychiques liés à leur hâte de sortir, a-t-il ajouté. Mais ils sont tous ensemble, et indemnes. Leur préoccupation première était que nous leur passions des liquides».
L'activité minière de petite échelle, qu'elle soit artisanale avec une sécurité parfois aléatoire, ou totalement illégale sans permis ni contrôle, est un foyer régulier d'accidents au Pérou, un des premiers producteurs mondiaux d'or, de cuivre et d'argent notamment.
En mars, trois mineurs avaient été tués après un éboulement souterrain dans une petite mine opérant sans autorisation près de Jicarmarca (centre). Selon des chiffres ministériels, 52 personnes ont péri en 2011 dans des accidents miniers, qui font en moyenne une soixantaine de victimes par an.