Barack Obama confie au vice-président Joe Biden le dossier des armes
Le président a confirmé sa détermination à s’attaquer à la violence des armes à feu en nommant son vice-président à la tête d’un groupe de travail.
La Maison-Blanche veut être en mesure de faire des propositions concrètes dès le mois de janvier.
Quelques jours après la tuerie de Newtown, Barack Obama a confirmé mercredi 21 décembre ses intentions de s’attaquer, lors de son second mandat, à la violence des armes en confiant le dossier à son vice-président, Joe Biden, et en affichant une approche ambitieuse.
« Une seule loi – ni même un ensemble de lois – ne peut prévenir tous les actes de violence insensés, a-t-il déclaré devant la presse. Nous allons avoir besoin de travailler pour faire en sorte que les soins psychologiques soient au moins aussi accessibles que les armes. Nous allons devoir étudier de plus près notre culture qui, bien trop souvent, glorifie les armes à feu et la violence. C’est pourquoi j’ai chargé le vice-président Joe Biden de mener un effort incluant des membres de mon gouvernement et des organisations extérieures pour faire des propositions concrètes dès le mois de janvier. »
Le président américain sait qu’il doit agir vite, avant que l’émotion suscitée par la tragédie ne retombe et que les Américains ne soient happés par d’autres préoccupations. « J’espère que nous n’aurons pas la mémoire courte et que nous allons rester motivés pour faire avancer ce sujet dans un mois », a souhaité le locataire de la Maison-Blanche.
Lettres de maires
Il sait que le climat est, pour l’heure, plus favorable qu’il ne l’a jamais été depuis des années. Dans un sondage CBS publié mardi, 57 % des Américains se sont déclarés favorables à un renforcement de la réglementation sur les armes à feu – du jamais-vu depuis dix ans.
Des responsables politiques sont également montés au créneau. Les maires de grandes villes – dont New York, Philadelphie, Chicago et Los Angeles – ont ainsi envoyé une lettre ouverte au président et au Congrès pour demander « une action immédiate ».
Le premier acte serait l’adoption d’une nouvelle loi fédérale interdisant la commercialisation des fusils d’assaut. En 1994, un texte en ce sens avait déjà été adopté, mais n’avait pas été renouvelé dix ans plus tard, quand George W. Bush siégeait à la Maison Blanche.
Les républicains et certains démocrates hostiles à plus de réglementation
Ce texte est imparfait, car il ne porte que sur la fabrication et la vente, non sur les armes déjà aux mains d’Américains. Et pour cause : le pouvoir fédéral n’a pas autorité sur le port d’arme, qui dépend de la justice des États.
Washington ne peut réguler que le commerce entre États, et c’est à ce titre que le Congrès peut intervenir pour empêcher la commercialisation de ce type d’armes – ou encore des chargeurs de plus de dix balles – qui permettent des tirs en rafale particulièrement meurtriers.
Or un succès, même pour ce texte très raisonnable, n’est pas garanti. Les républicains, en général hostiles à ce type de réglementation, contrôlent la Chambre des représentants, et bien des élus démocrates sont également sensibles aux arguments du puissant lobby des armes à feu. Le leader des démocrates au Sénat, Harry Reid, élu du Nevada, avait ainsi voté contre le renouvellement de la loi sur les armes d’assaut en 2004.
S’attaquer aux causes profondes de la violence
Pour avoir gain de cause au Congrès, Barack Obama, qui s’efforce déjà de faire obstacle aux leaders républicains sur la question des impôts pour les plus riches, devra donc s’investir et prendre le risque d’un échec. Un succès serait en revanche un premier pas en avant – mais resterait un simple premier pas.
Le massacre de Columbine, qui avait fait 13 morts dans un lycée du Colorado, s’est produit en 1999, alors pourtant que la loi contre les fusils d’assaut était en vigueur. Là réside la difficulté, et l’ambition, de la mission confiée à Joe Biden : proposer des axes de réformes concrètes pour s’attaquer aux racines mêmes de la violence aux États-Unis.
Le fait que le dossier soit confié à Joe biden est une bonne chose : c'est un partisan du 2nd amendement, il est donc plus à même de proposer des lois qui seront acceptées que si le dossier était confié à un partisan de l'interdiction des armes.
Le calendrier est pas mal non plus : Obama veut des propositions dès Janvier, ça va venir vite et c'est tant mieux car il faut profiter de l'émotion suscités par la tuerie de Newton et du climat favorable à plus de législation. Plus tard, l'opinion publique risque d'être moins favorable et Dieu sait que pour contrer le lobby des armes, Obama aura besoin de l'opinion public dans son camp.