Attention quand même avec les chips...
Davit est géorgien et a besoin d'un interprète pour raconter son histoire au tribunal. Il est poursuivi pour violences sur mineurs par ascendant. Autrement dit, c'est un père qui s'en est pris à ses gamins de 5 et 8 ans. Le matin du 10 novembre, la maîtresse d'école voit arriver le petit Goran la bouche tout entourée de griffures. Le gamin est très énervé, agité, tremblant et apeuré. Un gros bleu orne également l'épaule de l'enfant. Au début, il ne veut rien dire puis, finalement, il parle à son institutrice : «Papa a tapé avec la main fermée». Un signalement est fait et les gendarmes se rendent au domicile de Davit et son épouse. Il nie farouchement toute violence et sa femme le couvre : «Les petits se battent souvent. Ils se sont fait ça en se disputant». Mais la réalité est un peu différente. Ce soir-là, Davit, après sa journée de travail, joue à la console de jeu à l'étage. Les petits sont au salon, en bas, et se chamaillent pour s'amuser. Davit trouve qu'ils font trop de bruit : «Je suis descendu pour les séparer, je les ai pris chacun par une épaule, c'est pour ça, sans doute, qu'il a un bleu… Mais jamais je ne frapperais mes enfants, c'est pas possible ça. Je ne suis pas violent». Pourtant, il a déjà été condamné deux fois pour avoir tapé sur Madame. Pas violent, c'est donc à voir. S'il explique le bleu sur l'épaule, assez improbable pour une simple séparation, comment expliquer les griffures ? C'est plus tordu : «Je venais de faire les courses et les gosses se sont précipités sur les chips. Quand ils ont fait du bruit, j'ai pris une poignée de chips et j'ai un peu frotté la bouche du petit avec. Mais je ne leur fais pas de mal, ce sont mes enfants, je ne suis pas fou». Un peu frotté : quand on voit les photos des griffures, on a une idée de la douceur paternelle et de ses méthodes. Quant à infliger des blessures et de la souffrance avec des chips, il fallait y penser. «Mais si j'avais été violent, insiste-il, je ne les aurais pas envoyés à l'école… c'est pas logique.» Sauf que les enfants avaient été bien chapitrés juste avant d'aller en classe et exceptionnellement repris par leurs parents au moment du repas, des fois qu'ils auraient lâché le morceau à la cantine, ce que relève la partie civile, l'aide sociale à l'enfance : «On a essayé de cadenasser la parole de ces enfants. On frotte brutalement la bouche avec des chips et on frappe. Même si on est excédé, rien ne justifie la violence sur des enfants,» fulmine Me Chamayou. Pour la défense, le dossier est vide et les enfants ont menti : «Ce dossier a une forte connotation et un opprobre particulier parce ce sont des étrangers», lance Me Claude-Maysonnade à pleine voix. Fait rarissime, la procureure Marion d'Olce se lève et lui coupe net la parole : «Je ne peux pas laisser dire une chose pareille ! Je ne le tolère pas». L'avocate va ravaler l'argument qui sent trop le souffre. 4 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois avec obligation de soins.
Il n'y absolument aucun mérite à exciter les gens. Le vrai héros c'est celui qui apaise.
La laïcité n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l'ordre public.