Le Gamma knife, un bistouri qui opère sans pénétrer

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tisiphoné
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Le Gamma knife, un bistouri qui opère sans pénétrer

Message par tisiphoné »

C'est un bistouri qui opère dans le cerveau sans ouvrir la boîte crânienne : le "Gamma knife", mis en service depuis peu à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, traite les tumeurs par irradiation aux rayons gamma, une technique indolore et d'une remarquable précision.

"Le gamma knife (ou "bistouri gamma") est un faisceau de fins rayons gamma qui convergent en un point donné", explique le neurochirugien Charles-Ambroise Valéry, responsable de l'unité Gamma Knife de radiochirurgie d'Ile-de-France, la troisième en France après celles de Marseille et Lille.

Il s'agit de "radiochirurgie stéréotaxique", une technique permettant de repérer et d'atteindre par des rayons, "comme un sniper", une zone du cerveau difficile d'accès localisée de façon ultra-précise, explique le Pr Philippe Cornu, chef du service de neurochirurgie. Outre les tumeurs, on peut traiter les lésions fonctionnelles ou les malformations vasculaires.

Installé à la Pitié-Salpétrière en octobre, l'appareil est un gros cône de près de 2m de haut qui comprend 192 faisceaux de cobalt 60 radioactif (produit à partir de cobalt 59 naturel). Ceux-ci bombardent la cible pendant une séance unique d'une demi-heure à 3h. La multiplication des faisceaux -qui divise la charge radioactive des rayons gamma, très pénétrants- permet de minimiser l'exposition des tissus sains alentour.

"On évite l'incision et la trépanation, avec une efficacité comparable voire supérieure", note le Dr Valéry. Pas de risques infectieux ou de saignements comme dans une opération, mais la dosimétrie et la direction des rayons doivent être parfaitement contrôlées, "en tenant compte de la distorsion de l'image et des éventuels micro-mouvements du patient", dit-il.

René, 72 ans, déjà opéré d'un cancer au poumon, souffre d'une métastase dans la partie frontale droite du cerveau. Dès le matin, on lui a fixé sur l'os crânien un cadre de métal, dans lequel a été glissé un boîtier de localisation, qui définit les repères.

Un scanner et une IRM vont fournir les coordonnées exactes de la tumeur au neurochirurgien et à son équipe, qui vont aussitôt définir la zone à bombarder et la dose de rayons nécessaire.

René est serein. "Je préfère ça à une nouvelle intervention", dit-il. On l'allonge sur la table du Gamma knife, dans une pièce complètement étanche. "Si vous avez un problème, vous agitez le bras", disent Guillaume Albessard et Nathalie Chamagne, les manipulateurs radio. Installés dans la pièce voisine, ils vont le surveiller à travers une vitre, en même temps que défileront sur des écrans les coordonnées de la cible et les quantités de doses envoyées.

René, la tête bloquée dans le cône, ne reste qu'une trentaine de minutes sur la table.

La séance finie, les portes blindées du Gamma knife se referment, emprisonnant les rayons. Le neurochirurgien enlève le cadre retenu par des vis. Mal à la tête? "Non, pas du tout", dit René, qui va passer une nuit d'observation à l'hôpital. Le contrôle de l'efficacité interviendra un mois plus tard, puis tous les trois mois.

Pour éviter une toxicité excessive, seules les petites tumeurs peuvent être traitées par radiochirurgie stéréotaxique, dont l'effet n'apparaît qu'au bout de plusieurs semaines. "Dans le traitement d'urgence, rien ne remplace la chirurgie", dit le Dr Valéry.

Le coût du Gamma knife, soutenu conjointement par l'AP-HP et la fondation ophtalmologique Rothschild, est de 4,7 millions d'euros, mais permet d'économiser sur les durées de séjour et sur les frais de personnel, selon Vincent-Nicolas Delpech, adjoint au directeur. "Il sert aussi à la recherche en radiochirurgie, en plein essor", indique-t-il.
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