Les Républicains ont franchi une nouvelle étape des européennes, ce samedi à Lyon. Réunis dans l’un des salons du Stade Gerland, ils ont validé les 25 premiers noms de leur liste et tracé les contours du projet politique qu’ils défendront jusqu’au scrutin du 26 mai.
Source:Le Figaro.
Dans une atmosphère de confiance, consolidée par les dernières estimations des sondages, le ralliement du président des Centristes Hervé Morin et l’impression positive laissée par la tête de liste François-Xavier Bellamy, le parlement du mouvement a validé la stratégie et les grandes lignes du programme LR. Un programme offensif, largement construit sur la notion de civilisation européenne.
Le retour des intellectuels en politique:
«On reprend les valeurs du gaullisme qu’on avait un peu oubliées en cours de route. Si on arrive à plus de 20%, je me roule par terre!» confie Robert, enthousiaste à la sortie d’une longue matinée de discours. Venu du Jura, le sympathisant de 82 ans semble convaincu par ce qu’il vient d’entendre. Un peu plus loin, Lucile, 40 ans et trois années de carte LR, partage la même confiance ainsi qu’une «bonne impression». «Les intellectuels étaient souvent mis hors du débat mais la force de ce dispositif, c’est de les réintroduire. Cela va en entraîner d’autres à rejoindre le mouvement», croit-elle, avant de situer le score des Républicains le 26 mai prochain à «17 %».
Le dispositif dont parle la militante, c’est notamment le trio de tête choisi par le parti. Épaulée par Agnès Evren et Arnaud Danjean, la tête de liste François-Xavier Bellamy a été applaudie samedi à Lyon. Le jeune philosophe au ton atypique lorsqu’il s’agit de parler devant une salle pleine de militants, se montre plus proche de la confidence que de la déclaration. Manifestement, il parvient à captiver l’auditoire.
Celui qui affirme vouloir «prendre au sérieux la colère des Français» , affiche son humilité. Il dit qu’il ne serait rien sans ses partenaires de combat, reconnaît qu’il lui reste encore du chemin pour convaincre les gens et porte un message sur l’avenir de l’Europe qui fait mouche.
Bellamy promet aussi de ne pas avoir «la plus petite divergence sur l’Europe» avec ses deux partenaires de tête. Il veut être le «porte-voix de la pluralité». Et quand Macron prétend qu’il n’y a pas de culture française, lui défend au contraire l’ambition de «rayonner encore longtemps dans le monde et dans l’histoire». «Il faut savoir protéger notre civilisation et savoir dire qui nous sommes...Nous avons besoin de changer l’Europe pour pouvoir écrire notre histoire» lance-t-il avant de soulever le public en promettant d’écrire «derrière Laurent» une «nouvelle page de la droite».
«J’ai dû faire face à beaucoup de doutes. J’étais convaincu que notre famille avait besoin de cette fraîcheur, de ce renouvellement»
(Laurent Wauquiez)
À la sortie de la salle, Arnaud Danjean est approché par un jeune sympathisant venu lui confier son «émotion». Le député européen et numéro 3 de la liste, pense que Les Républicains sont en train de renouer avec le socle des électeurs de la droite. Éric Ciotti, président de la commission d’investiture le croit aussi. Les déceptions ont été immenses en 2017 mais selon eux, la stratégie et les choix de Laurent Wauquiez sont en train de convaincre la base. C’est donc bon signe.
En coulisses, certains font remarquer l’absence de certaines figures, telle Valérie Pécresse ou Éric Woerth. On estime que la présidence LR n’en fait pas assez pour les insérer dans la partie. Mais Annie Genevard, secrétaire générale du mouvement, préfère relativiser le poids de ces inévitables «susceptibilités». Pour elle, les signaux du rassemblement sont bien présents à Lyon, notamment avec les centristes Leonetti et Morin, le juppéiste Danjean, la précressiste Evren et le sarkozyste Péchenard.
«Ce sont de vrais indicateurs d’élargissement sur des bases solides», estime la députée du Doubs. Samedi à Lyon, Hervé Morin a tressé des lauriers à François-Xavier Bellamy. «Vous êtes en train de voir émerger un des grands talents des prochaines années» a-t-il lancé, en saluant un discours «frais et sérieux».
Wauquiez et les «deux impasses»:
Au terme d’une série de discours optimistes, portés par plusieurs figures du parti LR, tels Michèle Alliot-Marie, le président du PPE Joseph Daul ou le président du Sénat Gérard Larcher (via une vidéo enregistrée), Laurent Wauquiez a exprimé, lui aussi, sa confiance. «Oui, quelque chose est en train de se passer dans le pays» a souligné le président des Républicains. Il a posé son projet politique face aux «deux mêmes impasses» que constituent, selon lui, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Si certains imaginent déjà une rivalité entre Laurent Wauquiez et François-Xavier Bellamy, le patron de la droite apparaît d’abord comme le porteur d’une «bonne idée». «J’ai dû faire face à beaucoup de doutes. J’étais convaincu que notre famille avait besoin de cette fraîcheur, de ce renouvellement» a déclaré Wauquiez, avant de saluer celui qui a «d’ores et déjà déjoué tous les pronostics» et «redonné un élan».
«Nous allons déjouer tous les pronostics, nous allons bousculer les certitudes, nous allons faire mentir les prévisions»
(Laurent Wauquiez)
Puis le président des Républicains a longuement développé le sens de cette bataille électorale et l’ambition de «redonner un avenir à notre civilisation européenne». Il a aussi défendu l’idée d’inscrire les «racines judéo-chrétiennes de l’Europe dans les traités fondateurs» de l’Europe, la volonté d’augmenter le budget européen consacré à la culture et au patrimoine européens.
Laurent Wauquiez a également plaidé pour la fermeture de «toutes les mosquées salafistes d’Europe», la création d’un «Nuremberg» des djihadistes et l’interdiction de leur retour sur le sol européen. Contre l’élargissement de l’Europe, il a réclamé la suppression du poste de commissaire européen chargé de cette mission et proposé la double défense des frontières européennes et nationales.
«Nous allons déjouer tous les pronostics, nous allons bousculer les certitudes, nous allons faire mentir les prévisions», a enfin promis le chef des Républicains. Son parti est évalué à 14% d’intentions de vote mais il reste encore un peu plus de deux mois pour convaincre.
Et même si cela est «un peu court pour changer l’histoire», comme l’a reconnu François-Xavier Bellamy, les Républicains sont de plus en plus impatients de créer la surprise. D’ailleurs, Laurent Wauquiez en fait une question d’urgence. «Il est temps de rendre aux Français l’Europe qu’ils veulent.»
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