Jeune conseiller régional LFI en Auvergne-Rhône-Alpes, Andréa Kotarac a annoncé mardi son soutien à la liste de Jordan Bardella, seule susceptible pour lui de faire barrage à Emmanuel Macron.
Source:Le Figaro.
Une affaire inédite au sein des cadres de La France insoumise et une prise de choix pour le RN à 15 jours des européennes. Mardi soir sur BFMTV, un jeune conseiller régional LFI en Auvergne-Rhône-Alpes, Andréa Kotarac, a appelé à voter «pour la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à Emmanuel Macron, celle de Jordan Bardella» du Rassemblement national. Il précise ne pas adhérer au parti de Marine Le Pen et plus tard dans la soirée, a dit son intention de rendre son mandat électoral «conformément» à son éthique. Dans un communiqué, le RN a salué «le courage et la lucidité de cet élu réellement insoumis qui a compris que la dynamique du RN était la seule capable de stopper la politique d’Emmanuel Macron et avec elle, la soumission de la France à la politique néfaste de l’Union européenne».
Kotarac, qui avait participé à la campagne présidentielle du leader des Insoumis en 2017, justifie son départ en indiquant que LFI «ne défend plus les intérêts du peuple mais ceux de la gauche». Il estime que la pensée de Mélenchon qui «n’est pas un dicateur ou Dracula» est désormais «minoritaire au sein de LFI». Kotarac a dit souhaiter «faire baisser le plus bas possible le score de LREM, au niveau du charisme de Nathalie Loiseau». L’élu trentenaire a en outre précisé avoir rencontré Marine Le Pen qui l’aurait «rassuré» sur les questions sociales. «Elle m’a appelé, elle m’a soutenu dans la tourmente».
«Le RN a vocation à unir tous ceux qui veulent défendre la France»:
Au sein du RN de nombreuses personnalités ont salué son geste. Louis Aliot, député RN des Pyrénées-Orientales lui a souhaité la «bienvenue». Son collègue du Gard Gilbert Collard a dit croire «en la sincérité de la démarche de l’ex-Insoumis» et pour lui «le RN a vocation à unir tous ceux qui veulent défendre la France, qu’ils viennent de droite ou de gauche!» «Dégoûtés par la dérive immigrationniste, indigéniste, ******propos provoquant et insultant modéré et communautariste genrée, les tenants de la ligne nationale républicaine de LFI prennent leurs distances avec ce mouvement. Ils sont les bienvenus chez nous!», a de son côté réagit Jean Messiha, membre du
Bureau National du RN.
La participation de ce militant, partisan d’une ligne très souverainiste, à un forum en Crimée en avril organisé par Vladimir Poutine, avait fait polémique au sein de la gauche. Parmi les invités se trouvait Marion Maréchal Le Pen... «Je ne suis pas d’accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté nationale et sur la nécessité de s’allier à la Russie, je suis d’accord», avait expliqué Andréa Kotarac au Monde. Il avait alors affirmé s’être rendu sur place «pour dire qu’une partie de la gauche française ne considère pas la Russie en ennemi, bien au contraire.»
À la tête de la liste PS Place publique, Raphaël Glucksmann avait dénoncé ce déplacement. «Pourquoi? Comment le justifier? J’ai lu les écrits de Chantal Mouffe qui ont inspiré le «populisme de gauche» auquel se réfère Mélenchon. Mais je crains que l’aspect de «gauche» ne disparaisse et qu’il ne reste que le populisme», avait jugé l’essayiste. La polémique avait débordé jusqu’au sein de LFI malgré la ligne pro-Russe toujours défendue par Jean-Luc Mélenchon, et sa position claire sur la Crimée. Cette polémique avait d’ailleurs soulevé une contradiction sur la ligne parfois flottante des Insoumis pour ces Européennes.
Mardi soir, les réactions des cadres Insoumis, tous en campagne pour les européennes, n’étaient pas encore nombreuses. Quatrième sur la liste, l’eurodéputé sortant Younous Omarjee assure au Figaro qu’il s’agit d’une «surprise totale». «Je le croyais ferme dans ses convictions. Manifestement, c’est tout le contraire». Et pour lui, «aucune de ses prises de positions jusqu’ici ne pouvait laisser penser à un tel ralliement». Il se demande si l’affaire ne s’est pas nouée en Crimée où selon Omarjee, Kotarac s’est rendu «à son initiative personnelle». «On est sidérés et dégoutés» a réagi Alexis Corbière auprès du Figaro lors du meeting de Besançon, où il se trouvait au côté de Jean-Luc Mélenchon
Écarté du mouvement par Jean-Luc Mélenchon au début de la campagne des européennes pour ses positions trop souverainistes, Djordje Kuzmanovic, assure lui aussi qu’il n’était «pas au courant». «Je ne comprends pas ce choix, je ne sais pas ce qui lui passe par la tête», assure-t-il au Figaro. «Je comprends la fatigue face à LFI et ses dérives communautaristes mais rejoindre le RN est une imposture! Ce parti qui retourne à sa ligne économique reaganienne a abandonné l’idée d’une confrontation avec l’Union européenne et se contente de vendre une autre Europe comme tous les européistes.» Pour lui, il est «absurde d’abandonner un mouvement qui a abandonné la stratégie populiste, mais c’est aussi absurde de rejoindre un parti identitaire comme le FN».
Outre BFM, Andréa Kotarak a justifié ses motivations dans la revue Éléments, celle de la «Nouvelle droite» dirigée par François Bousquet et Alain de Benoist.
http://www.lefigaro.fr/politique/le-sca ... n-20190514