À vaincre sans péril...
Européennes :
Jordan Bardella en campagne dans le Nord, sans risque
Bain de foule et meeting dans le Nord pour Jordan Bardella samedi 6 avril. Rien de neuf sous le soleil, il ne faudrait pas venir gâcher les belles promesses sondagières à deux mois des élections européennes.
Entre les stands du marché de Cambrai (Nord), une jeune femme hurle à pleins poumons : «
C’est Zemmour, il est trop beau ! ». A deux pas d’elle, le « Zemmour » en question fait quand même plus grand qu’à la télé : 1m90, les cheveux plaqués en arrière et une pelletée de néofrontistes extatiques aux basques. C’est Jordan Bardella, 28 ans, le candidat de l’extrême droite aux prochaines élections européennes. On demande à sa bruyante admiratrice si elle est certaine de l’identité de la silhouette qu’elle désigne à grands gestes : «
Bah oui c’est Zemmour ».
Elle est bien la seule à ne pas être à la page : les familles du coin font défiler les enfants pour récupérer les selfies souvenir avec le président du Rassemblement national (RN). « Regarde bien, c’est le futur président de la France », dit une maman à sa fille perchée sur les épaules du père. Des bandes d’adolescents hilares, qui se sont donnés le mot sur Instagram et TikTok, tendent leurs tee-shirts pour des dédicaces ou lui demandent d’enregistrer des messages vidéo à montrer aux copains plus tard. Ils sont plus francs que leurs aînés : « Y en marre des immigrés qui bossent pas et viennent pour les allocs », disent-ils. Marre des « racailles » qui « nous volent et nous agressent » et des « mosquées » aussi. Autour d’eux, Bardella à la cote « partout », à l’école, en famille, dans les entreprises où ils viennent de débuter leur vie professionnelle. Plus besoin de tourner autour du pot, puisque « tout le monde vote RN maintenant ».
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Sur la scène,
l’essayiste Malika Sorel, la numéro 2 de la liste essaie de chauffer la salle, à sa façon.
Un discours, plutôt long et décalé, sur la Nation et l’assimilation pour y convoquer pêle-mêle (attention) Rousseau, Rocard, de Gaulle, George Sand et Pierre Rosanvallon. Mais aussi Marcel Mauss (le père de l’anthropologie, une référence plutôt pointue) et… Enrico Macias. « Les gens du Nord ont le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors », tente ainsi la nouvelle venue RN à la tribune, certaine de glaner des applaudissements. eux et cUn terrain musical sur lequel Bardella la suivra très vite, comme si son public du jour ne méritait pas mieux que quelques clins d’œil paresseux et caricaturaux : « Au Nord, c’étaient les corons, le ciel c’était l’horizon, les hommes des mineurs de fond. Ainsi parlait Pierre Bachelet ! ». Il avale un grand verre d’eau, après une demi-heure de discours le thème de la « submersion migratoire ».
En chemise blanche, la tête de liste RN a chaud et le dit quand une fan lui répond : «
C’est toi qui nous donnes chaud ! ».
https://www.nouvelobs.com/politique/202 ... isque.html