Cinq crises :
La crise économique.
Dans ceux des pays les plus riches qui, comme la France, ne sont pas en mesure de capter la rente issue de la spéculation financière et d’exploiter une main d’œuvre à très bon marché, la croissance du PIB n’est plus au rendez-vous. Trop faible, elle laisse sur le carreau de larges pans des classes populaires et fragilise les classes moyennes. Ailleurs elle s’effectue dans le non-respect des normes sociales et environnementales de base.
La crise sociale.
Prises dans le maelstrom de la globalisation rentière et spéculative, les sociétés se fracturent et assistent, impuissantes, à la perte du sentiment de commune socialité entre les globalisés – ceux qui profitent d’une manière ou d’une autre de la globalisation -, les inclus – ceux qui bénéficient encore des protections liées au salariat traditionnel -, les marginaux – ceux qui les ont perdues -, et les exclus – ceux des « quartiers », notamment, qui peinent à s’en sortir.
La crise environnementale. Dans la situation politique et morale du monde actuel, l’humanité doit faire face aux gigantesques et pressants défis que représentent le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources énergétiques et minières classiques, l’extinction des espèces animales et végétales, la montée inexorable de la pollution de l’air, des eaux et des sols.
La crise politique. Face à ces trois crises, les femmes et les hommes politiques professionnels, héritiers de cadres de pensée anciens et de plus en plus inadaptés, ne savent plus ni quoi penser ni quoi dire. Tous rivalisent de promesses de retour du PIB. Un PIB plus ou moins mâtiné d’un peu d’écologie. Mais la croissance du PIB n’en finit pas de ne pas revenir et partout dans le monde, les partis de la droite ou de la gauche traditionnelles explosent.
La crise du sens.
Dans cette planète globalisée en crise, toutes les échelles spatiales et temporelles héritées se disloquent et se télescopent. À quel niveau doit-on faire du commun ? Familial, local, régional, national, continental, mondial ? Et dans le cadre de quelle culture, de quelle religion, de quelle spiritualité, de quelle idéologie ? Avec quelle valorisation, respectivement, du passé, du présent, de l’instant ou de l’avenir ? Faute de réponse assurée à ces questions, l’éducation et la transmission des savoirs deviennent de plus en plus incertaines, et la tentation grandit du chacun pour soi, dans une logique de sauve-qui-peut généralisée qui alimente en retour les quatre autres crises.
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Pourtant, en dehors du jeu politique institué et de la scène médiatique, c’est un tout autre monde qui s’invente à travers des milliers ou des dizaines de milliers d’
initiatives.
Un autre monde plus fraternel, plus coopératif, mais aussi plus efficient, plus responsable, inventant sans cesse les solutions que les experts institutionnels peinent même à imaginer.
Un monde plus démocratique, soucieux du bien commun des humains et de la nature.
Ce monde est celui de la société civique, qui se construit dans les marges que lui concèdent le Marché et l’État.
Déçu par trop de promesses non tenues, exaspéré par les postures politiciennes habituelles sans prise effective sur la réalité, il se tient à l’écart de la politique. Toutefois, c’est lui qui est le plus porteur d’espoir.