Pendant 24 heures, les gendarmes d’élite ont fait face à un homme retranché et lourdement armé dans le Calvados.Récit des coulisses d’une intervention qui s’est soldée par une interpellation en douceur.
Source:Le Parisien.
Après des heures de négociations, il faut se rendre à l'évidence: L'ancien maçon de 72 ans retranché armé dans sa maison de Soulangy (Calvados) depuis plus de 24 heures ne se rendra pas. Le contact n'est pas rompu, mais l'homme semble triste, fatigué. Les gendarmes d'élite du GIGN ont le sentiment que c'est le moment d'intervenir.
Grâce à des moyens techniques, ils savent que le forcené se trouve à quelques mètres d'eux, derrière l'épais mur de sa maison. Une ouverture est trouvée et un chien d'attaque, un malinois, est projeté sur l'homme par les gendarmes. « Un chien, c'est vif, très rapide pour arriver sur la cible, note le capitaine B. qui a dirigé les opérations pendant 24 heures en Normandie. Dans une pièce encombrée, il est beaucoup plus rapide qu'une colonne d'assaut. »
Le malinois pénètre dans la pièce et saisit le forcené au mollet. La douleur vive empêche l'homme d'attraper le fusil de chasse qui est posé à côté de lui. La colonne d'assaut pénètre dans la pièce : il est 21 heures ce mercredi, le chasseur de 72 ans est interpellé. La fin de 24 heures sous tension pour la vingtaine d'opérateurs du GIGN.
Le négociateur du GIGN prend la main:
Retour en arrière. Il est 13 heures, mardi, lorsque l'équipe d'alerte du GIGN, basée à Satory (Yvelines), est avisée qu'un homme s'est retranché chez lui dans le Calvados. Des négociateurs régionaux sont sur place, mais le GIGN surveille la situation de près. À ce stade, l'homme n'a pas d'otage et ne semble pas armé, les gendarmes locaux peuvent gérer. La situation change à 19 heures. Le forcené tire un coup de feu en direction des gendarmes.
Décision est prise d'engager le GIGN:
Une vingtaine d'opérateurs embarquent dans des monospaces, direction le Calvados. Pendant les deux heures de trajet, « un plan d'action est dressé, souligne le capitaine B. On a les plans de la maison, le négociateur nous fait un point sur l'état psychologique du forcené. On apprend qu'il a plusieurs fusils, des pistolets automatiques, qu'il est chasseur et sait se servir des armes. L'objectif est d'avoir toutes les informations et de pouvoir intervenir dès que l'on sort des voitures. » Une fois sur place, des tireurs d'élite sont vite positionnés face à la maison, la colonne d'assaut se met en place.
Vers 21 heures mardi, le négociateur du GIGN prend la main. Installé dans un 4 x 4 blindé, il prend contact, grâce à un mégaphone, avec le forcené. La discussion est « difficile, décousue ». L'homme souffre de troubles psychologiques et alterne entre abattement et coups de colère. À ce stade, il n'est pas question d'intervenir. « Cet homme n'est jamais vu comme un ennemi, souligne le colonel Q., numéro 2 du GIGN. Son profil incite à la patience et tout est fait pour modérer l'usage de la force. »
Vers 3 heures du matin, le contact est rompu. Le GIGN tente une autre approche. Grenades sonores et lacrymogènes sont utilisées « afin de forcer le forcené à sortir, détaille le capitaine B. Le but reste toujours de l'interpeller sans violence. » Sur place, la tension est palpable. « Très énervé », le retraité, ouvre alors feu sur les gendarmes.
En quelques heures, il va ainsi tirer 150 coups de feu en direction des gendarmes. Le forcené a placé une arme à chaque fenêtre de sa maison, est mobile et « dans une posture de combattant ». À plusieurs reprises, il entre toutefois dans le champ de vision des tireurs d'élite, qui peuvent le neutraliser en un seul coup de feu. Décision est prise de ne pas tirer.
Une interpellation sans aucun coup de feu:
« On a eu plusieurs opportunités, mais mes hommes étaient en relative sécurité, protégés par nos voitures blindées, souligne le capitaine B. On est face à un homme de 72 ans, malade, l'objectif reste alors d'éviter de tirer. » « On s'adapte toujours au profil de la personne en face, explique le colonel Q. Bien sûr nous n'aurions pas forcément eu une attitude aussi bienveillante face à des gens plus aguerris. »
Le feu se calme, et à 14 heures, le négociateur du GIGN tente de reprendre contact. « On a senti que c'était un peu plus constructif », souligne le capitaine B. Mais l'espoir de voir l'homme sortir de son plein gré s'amenuise petit à petit. À 21 heures, le chien d'attaque est lancé, la colonne d'assaut suit. Sans tirer un coup de feu, le forcené est interpellé.
« C'est une vraie réussite, apprécie le capitaine B. Sa famille était heureuse de cette issue car quand il a commencé à tirer ils redoutaient que ça se termine mal. » Moins d'une heure après l'interpellation, les hommes cagoulés sont de retour dans les voitures, direction Satory. Prêts à repartir en opération.
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