Faudrait peut-être que le futur premier ministre auto-proclamé évite de raconter des conneries sinon...
Résultats présidentielle 2022 : Emmanuel Macron, président « le plus mal élu » depuis Pompidou ? Pas si simple
FAKE OFF Moins de trente minutes après les premières estimations donnant Emmanuel Macron vainqueur, Jean-Luc Mélenchon a affirmé qu’il était le « plus mal élu des présidents de la Ve République »
Emmanuel Macron est-il réellement le plus « le plus mal élu des présidents de la Ve République » ? C’est en tout cas ce qu’a déclaré dimanche soir Jean-Luc Mélenchon, moins de trente minutes après les premières estimations. L’écart entre les deux candidats du second tour est pourtant conséquent : le président sortant a obtenu 58,5 % des suffrages au second tour, contre 41,5 % pour Marine Le Pen. Mais le leader insoumis insiste sur la nécessité de mettre ce résultat en perspective avec l'« océan d’abstention, de bulletins blancs et nuls ». Qu’en est-il réellement ? Décryptage.
FAKE OFF
Emmanuel Macron, président « bien » ou « mal » élu ? Tout dépend en réalité de ce que l’on compare. Si l’on prend en compte le pourcentage de voix obtenues par Emmanuel Macron comparé à l’ensemble des inscrits sur les listes électorales, ce dernier obtient seulement 38,5 % des suffrages. Ce chiffre tient compte de l’abstention historiquement haute de ce scrutin (28 %) ainsi que des votes blancs (4,6 %) et nuls (1,6 %) auxquels fait référence Jean-Luc Mélenchon. A titre de comparaison, lors de son premier mandat, il avait obtenu 43,61 % des voix des inscrits.
Ainsi, si l’on se réfère à cet indicateur, Emmanuel Macron se place effectivement parmi les présidents les plus mal élus… sans pour autant être le dernier, comme l’affirme le chef de file des Insoumis. En 1969, Georges Pompidou avait été élu avec 37,51 % des voix des inscrits. Emmanuel Macron fait juste un peu mieux, mais moins bien que François Hollande (39,08 % en 2012) et Jacques Chirac en 1995 (39,43 %).
« Le seul président de la Ve République à avoir obtenu plus de la moitié des voix des inscrits – 62 % en l’occurrence – au second tour est Jacques Chirac en 2002 face à Jean-Marie Le Pen », rappelle le sociologue Jean Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux. A l’époque, le contexte est très différent : c’est la première fois qu’un candidat d’extrême droite se qualifie pour le second tour, provoquant un séisme dans la vie politique française. Et alors que l’abstention avait été exceptionnellement haute au premier tour, elle est historiquement basse au second. Hormis cette élection, aucun des autres vainqueurs de la présidentielle n’a obtenu la majorité des voix des inscrits : le second étant Charles de Gaulle avec 45,2 %.
A chaque indicateur, son classement
La tendance se renverse radicalement si on s’intéresse aux suffrages exprimés, c’est-à-dire lorsqu’on compare l’écart entre les deux candidats du second tour. Dimanche, Emmanuel Macron a obtenu 58,54 % des voix face à Marine Le Pen. Selon ce critère, cela le place donc troisième président le « mieux élu » de la Ve République (sur onze scrutins), derrière Jacques Chirac en 2002 face à Jean-Marie Le Pen (82,21 %)… et lui-même. En 2017, pour son premier mandat, le chef de file de la République en Marche a obtenu 66,1 % des voix face à Marine Le Pen. « Mais dans un duel avec l’extrême droite, le score de dimanche soir reste l’écart le plus faible, et de loin », nuance le chercheur.
Si l’on prend cette fois le nombre de voix exprimées, en valeur absolue donc, Emmanuel Macron se classe cette fois quatrième : plus de 18,7 millions d’électeurs ont glissé un bulletin à son nom dans l’urne dimanche. C’est largement plus que Charles de Gaulle en 1965 (13 millions) ou François Mitterrand en 1981 (15,7 millions), mais toujours moins que Jacques Chirac en 2002 (25,5 millions), Emmanuel Macron lui-même lors de la précédente élection (20,7), ou même Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royale en 2007 (presque 19 millions).
Une abstention en hausse constante depuis quinze ans
Mais ces données souffrent d’un biais non négligeable : elles ne prennent pas en compte l’accroissement constant du corps électoral. En 1965, il y avait près de 29 millions d’inscrits sur les listes, il y en a désormais 48,7 millions. Le nombre de votants augmente donc mécaniquement. Pourtant, depuis 2007, les électeurs sont de moins en moins nombreux à se déplacer pour aller voter au second tour. « Plutôt que de comparer les scores des différents présidents à travers le temps, c’est sur l’abstention qu’il faut se concentrer, estime Vincent Tiberj. Lorsqu’on était encore dans une logique de bloc contre bloc – la gauche contre la droite – , notre système était représentatif. On votait par adhésion au premier tour, puis on se reportait sur le candidat de son camp au second. »
Mais selon le chercheur, maintenant que la vie politique est morcelée en trois voire quatre blocs, une partie de l’électorat se sent exclue du second tour… et se mobilise donc moins. « Notre mode de scrutin est de moins en moins représentatif, il empêche de rendre visible l’équilibre réel du pays. » En clair : ces chiffres, loin d’être une exception, pourraient devenir la norme lors des scrutins à venir.
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