400 vraiment ?...
La disparition de C8 va-t-elle mettre «400 personnes au chômage» ?
La fin de cette chaîne du groupe Canal + sur la TNT ne va pas se faire sans conséquences sociales. Mais le nombre précis de postes menacés directement par la décision de l’Arcom reste difficile à évaluer.
Combien de personnes vont-elles être touchées par l’arrêt de la chaîne C8, du groupe Canal +, dont l’éviction de la TNT à compter du 1er mars a été définitivement actée, mercredi 19 février, par le Conseil d’Etat (en plus de celle d’NRJ12) ? Sur X, Laurent Wauquiez s’inquiétait pour les «400 salariés de la chaîne», tandis que le chroniqueur Laurent Mariotte, sur France 5, déplorait, ce dimanche 23 février, «400 personnes mises dehors et au chômage». Près de «400 collaborateurs, 400 familles» touchés, se plaignait également l’avocat de la chaîne, mercredi, devant le Conseil d’Etat. Dans un communiqué publié le 18 février, la direction du groupe audiovisuel, de son côté, estimait qu’avec cette décision, «près de 400 collaborateurs et prestataires de C8 s’apprêtent à perdre leur emploi ou à le voir menacé».
Comment est-ce possible alors que C8 n’affichait, fin 2023, que 91 employés ? Ce chiffre de 400 emplois menacés recouvre en réalité différentes structures, mais aussi des suppressions de postes que les syndicats considèrent sans rapport avec la fin de la chaîne.
Concernant le groupe Canal + à proprement parler, un plan social à hauteur de 250 emplois avait été annoncé fin décembre, dont 150 (CDI, CDD, pigistes et intermittents) liés à la disparition de C8 et 100 autres «additionnels», selon le communiqué de l’intersyndicale publié à l’époque.
Suppressions d’emplois sans rapport
Début février, la direction communiquait cette fois-ci sur 212 emplois, la différence avec le chiffre de 250 en décembre étant représentée par les intermittents, selon un élu du personnel. Sur ces 212 emplois, 18 étant vacants, le plan concernerait donc, in fine, 194 postes occupés. Mais sans répartition, dans cette dernière communication de la direction, entre les suppressions de postes liées à la décision de l’Arcom et les autres, «additionnels».
Difficile, par ailleurs, de lier précisément telle ou telle suppression de poste à C8, cette chaîne partageant des fonctions supports au sein du groupe Canal, et certaines personnes sous contrat d’une autre chaîne dans le groupe travaillant pour C8, et inversement.
Reste que pour les syndicats, la direction du groupe Canal a profité de l’annonce de la fin de C8 pour charger la barque. «Elle se sert de la décision de l’Arcom pour rajouter des suppressions d’emplois qui sont sans rapport, considère ainsi l’élu CGT Francis Kandel. Elle espère, sans grand succès pour l’instant, que cela aura un impact positif sur l’action de Canal, tout juste introduite en bourse.»
Soulager les finances du groupe
«
On n’a pas le décompte exact entre C8 et le reste, mais il y a tout un tas de postes qui n’ont rien à voir avec sa fermeture, estime un autre élu syndical, qui souhaite garder l’anonymat. Ils ont ainsi fait le choix d’arrêter certaines émissions cinéma qui n’étaient pas du tout sur cette chaîne. Je pense que pour C8 seulement, ça doit concerner une centaine de postes.»
En cause, notamment : la suppression de 34 postes au centre d’appels de Rennes ou encore 10 postes de journalistes cinéma.
Contactée par CheckNews, la direction ne nous a pas répondu au moment où nous bouclons cet article. En décembre, selon Le Monde, celle-ci aurait cependant justifié, devant les élus, les suppressions de postes «additionnels» par la nécessité de «conserver la compétitivité».
Sauf que la fin de C8 pourrait aussi soulager les finances du groupe, puisque cette chaîne perdait 48 millions d’euros en 2023, après 37 millions en 2022, 47 millions en 2021 et 46 millions en 2020.
Enfin, le reste des postes – 150 sur les 400 annoncés – concernerait les boîtes de production, dont H20, l’entreprise de Cyril Hanouna qui s’occupe de TPMP. «A charge pour ces boîtes de trouver d’autres contrats, j’ai d’ailleurs cru comprendre qu’Hanouna était en discussion avancée avec une autre chaîne du groupe, estime un syndicaliste de Canal +, qui considère également que l’arrivée de deux nouvelles chaînes sur la TNT devrait aussi générer des emplois chez ces “prestas”.»
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