Victor a écrit : ↑09 janvier 2020 08:58
L'idée que l'on pourrait améliorer le financement des retraites en réduisant le chômage est une erreur pour deux raisons.
1 - La difficulté à réduire le chômage. Si il était si facile de réduire le chômage en claquant des doigts, on se demande bien pourquoi tous les gouvernements de gauche comme de droite n'ont pas eu les résultats escomptés dans ce domaine depuis si longtemps, alors que c'était leur priorité annoncée.
2 - Même si un miracle économique survenait et que l'on pouvait réduire le chômage de 500 000 ou même de 1 million de chômeurs, cela ne changerait pas fondamentalement le problème de financement car cela ne ferait que augmenter assez faiblement le nombre de cotisants sans réduire le nombre de retraités.
C'est pour cela que le report de l'âge de départ en retraite est la solution de loin la plus efficace, car elle augmente le nombre de cotisants de manière importante tout en réduisant aussi de manière importante le nombre de pensionnés. Cette mesure agit à la fois sur le numérateur et sur le dénominateur et est la seule permettant d'augmenter significativement le nombre de cotisants par retraité. Ce ratio étant fondamental dans un système de retraite par répartition.
1/ La difficulté à réduire le chômage :
- c'est d'abord le sujet N°1 de toutes les campagnes électorales, quel thème majeur resterait si un gouvernement parvenait à vraiment le résorber?
- aussi le résultat de politiques schizophrènes qui ouvrent sans limite les portes de l'UE élargie aux moins-disants sociaux et fiscaux au mépris des droits humains : quelle entreprise hésiterait entre des salaires à 1500€ et 500€, voire encore moins ?
- aussi le résultat d'une politique clientéliste qui facilite les licenciements, adopte des mesures insignifiantes sur les contrats courts, accorde des aides et allègements sans contrepartie
- et enfin, le témoin d'une culture de profit immédiat et d'accent mis sur l'investissement financier plutôt que l'investissement productif
au delà, le chômage de masse devient inéluctable dès lors qu'on voit en face les conséquences à moyen terme de la robotisation, et la nécessité d'aller vers la déconsommation dans le cadre de la transition écologique ; et là, il faut radicalement changer de paradigme ...
2/Le financement des retraites n'est pas à envisager seulement sur un aspect direct (cotisations) dans la mesure où celles du secteur public sont financées par l'Etat (impôts) ;
il faut donc évaluer l'impact de 500 000 ou 1 million d'emplois supplémentaires sur les recettes fiscales, la diminution des aides sociales ... et l'effet boule de neige qu'un pouvoir d'achat augmenté peut avoir sur la croissance des entreprises, pour peu qu'on introduise une notion raisonnable de protectionnisme ;
il faudrait aussi ajouter, pour être logique, des recettes fiscales sur les robots ; le profit des entreprises ne doit pas se faire sur le dos de l'équilibre de notre protection sociale
En conclusion, reculer l'âge de la retraite n'a aucun sens, que ce soit sur le plan humain comme sur le plan économique ; on ne peut pas raisonner sur un plan purement mathématique comme tu le fais :
- c'est l'espérance de vie en bonne santé qui doit être considérée (63-64 ans actuellement), sans quoi on déplace au moins partiellement le coût retraites vers l'assurance maladie, ou le chômage avec les possibilités de RC ... quel intérêt si ce n'est changer de case ?
et sur le plan humain, quel sens ça a de passer toute sa vie à bosser et partir à un âge où on ne peut plus profiter pleinement ?
- il faut aussi prendre en compte la réalité : dans les cabinets de recrutement, les cv de + de 40-45 ans sont déjà isolés et souvent pas retenus sauf si profil exceptionnel ; tu imagines le cas des plus de 50 ans ? 60 ans ?
sans parler des cas où ce sont les employeurs qui poussent leurs séniors vers la sortie par des moyens douteux (mises au placard, harcèlement ...)
- rester à un âge de départ raisonnable permettrait à des jeunes de s'insérer dans la vie active plutôt que les condamner à la précarité qui, par ricochet, les pénalisera aussi sur leurs droits au chômage et à la retraite